Quand la maternité nous brouille les idées
Depuis que je suis maman, j’ai changé. Vous me direz que c’est normal que notre corps change après avoir donné naissance, que c’est normal de conserver des marques de notre grossesse. Mais ce n’est pas ce dont je parle. Vous me répondrez alors sûrement : «Ah mais c’est normal d’être plus sensible, plus touchée par les histoires d’enfants malades, blessés ou défavorisés.» Ce n’est pas ce dont je parle non plus.
Depuis que je suis maman, j’ai changé. En fait, c’est mon cerveau qui a changé. La question que je me pose quotidiennement c’est : «Mais où est passé mon cerveau?!?» Je suis presque convaincue que je l’ai expulsé en accouchant et qu’on me l’a subtilement remplacé par un autre un peu moins performant ! Je souffre, visiblement, du «Mommy Brain».
Ce qu’on appelle en anglais le «Mommy Brain» (cerveau de maman) et qu’on traduit parfois par «Cerveau de grossesse» en français est un état que plusieurs femmes ressentent pendant leur grossesse et après leur accouchement. On oublie des choses, on est mêlée, on a l’impression de vivre dans le flou, on fait des niaiseries…
Un exemple ? Au début de ma grossesse, je suis allée mettre de l’essence dans ma voiture. À la station-service près de chez moi, on doit d’abord payer. Alors, je suis entrée à l’intérieur, j’ai payé, je suis retournée à ma voiture, j’ai ouvert la portière, je suis montée à bord et… je suis partie ! Oui, oui, sans mettre d’essence ! Tsé, il y a des gens qui mettent de l’essence sans payer, ben moi, je paye sans mettre d’essence ! Allez-y, riez ! Le pire, c’est que lorsque, deux coins de rues plus tard, je me suis rendu compte que l’aiguille de ma jauge à essence n’avait pas bougé, j’étais en colère ! Puis, j’ai refait le fil des événements dans ma tête et je me suis trouvée pas mal nounoune ! Piteusement, j’ai fait demi-tour et je suis retournée voir le commis avec cette excuse en bouche :
Moi : Heu… (rire nerveux), désolée hein, c’est que je suis enceinte et que j’ai vraiment l’impression d’avoir le cerveau dans l’utérus (rire nerveux) !
La honte !
J’avais espoir que tout rentre dans l’ordre après l’accouchement, mais c’est le contraire qui s’est produit. Dès le début des plus fortes contractions, j’ai eu l’impression d’entrer dans un flou qui n’est jamais totalement reparti depuis! Les semaines suivant l’accouchement ont été les pires. Je me sentais totalement inapte à apprendre quoi que ce soit qui n’était pas directement en lien avec mon bébé. J’étais parfaitement en mesure de prendre soin de lui, rassurez-vous, mais j’avais l’impression que je ne serais plus jamais capable d’apprendre ou de retenir des informations. Une vraie passoire ! Un peu paniquant.
Fiston aura bientôt 18 mois. Je me disais qu’avec le temps, je retrouverais mon bon vieux cerveau. Mais non ! Avant, on aurait dit que mon cerveau était divisé en plein de petits compartiments, comme une espèce de classeur. Quand je cherchais une information, je savais où la trouver. Maintenant, on dirait que les cloisons de mon classeur se sont effondrées et que tout est un peu mêlé. J’ai l’impression constante de vivre dans le brouillard.
Avant/après la perte de mon cerveau
Avant, je retenais les informations et les dates que les gens me disaient. Untel commence ses vacances cette date-là, une autre s’est inscrite à un nouveau cours.
Maintenant, je retiens plus rien. Je pose les mêmes questions mille fois, j’oublie qu’on m’a parlé de quelque chose qui, pourtant, m’intéressait sincèrement.
Avant, j’étais capable de reproduire une conversation que j’avais eue presque mot pour mot. Dans le genre : «Il m’a dit ça, puis j’ai répondu ceci…»
Maintenant, il m’arrive fréquemment de dire : «Je me souviens d’avoir parlé de ce sujet avec quelqu’un, mais je sais plus avec qui, ni où, ni quand.» À pleurer !
Avant, quand je cherchais une information, je savais comment faire pour la retrouver dans ma tête. Par exemple, si je cherchais le titre du dernier film qu’une amie avait vu, je me repassais notre conversation, je retrouvais à quoi m’avait fait penser le titre du film, etc.
Maintenant, j’essaie même plus. Si c’est oublié, bah c’est oublié ! J’ai perdu la carte géographique de ma propre tête !
Avant, j’étais un peu freak control.
Maintenant, j’ai plus la capacité de l’être. Non mais, vous vous rendez compte ? Si je ne suis plus freak control, ce n’est pas parce que j’ai appris à lâcher prise, que j’ai fait du travail sur moi, que je me suis améliorée ou que j’ai grandi intérieurement. Non, c’est parce que je ne suis plus capable de l’être !!! (Un mal pour un bien, peut-être ?)
Avant, je n’aurais jamais commencé un cours (je suis enseignante) sans être parfaitement préparée. C’était impensable.
À mon retour au travail après mon congé de maternité, je me suis surprise à commencer un cours en n’étant pas trop certaine de ce que j’allais faire. Et je n’étais même pas stressée avec ça. Advienne que pourra !
Avant, j’étais super organisée et, surtout, je ne faisais rien à la dernière minute. Au secondaire, quand le prof annonçait qu’il y aurait un examen 2 semaines plus tard, eh bien, je me mettais à étudier à la seconde près. Au travail, j’étais la plus organisée de la gang.
Maintenant, on dirait que tout presse un peu moins. Je ne ressens plus cette urgence de faire les choses… ce qui fait que je les exécute à la dernière minute. Et ce qui fait que je ressemble pas mal plus à mes collègues ! 😉
Pas la seule !
En fouinant sur Internet, on retrouve plusieurs articles qui documentent ce fameux «Mommy Brain». Alléluia ! Je ne suis pas la seule à vivre cet état. J’ai interrogé les copines et je me suis rendu compte que les mamans de mon entourage vivent elles aussi des situations embarrassantes à cause de leur cerveau embrouillé.
Voici donc un Top 5 des situations les plus cocasses qu’on m’a racontées.
5- Catégorie «Égarer des objets»
Il m’arrive souvent de déposer des choses à des endroits pas rapport et de les retrouver plus tard (après avoir cherché comme une folle). Par exemple, une boîte de kleenex dans le garde-manger…
C’est effectivement ce qui revient le plus souvent dans les témoignages reçus !
4- Catégorie «On se trouve des trucs»
Je me parle toujours toute seule pour me rappeler ce que je voulais faire 3 secondes avant.
Personnellement, j’ai récemment décidé de faire sur-le-champ tout ce qui me passe par la tête. Plus de : «Je vais finir de me brosser les dents et j’irai sortir le poulet du congélateur». Non, maintenant, je décongèle mon poulet la brosse à dents à la bouche! Et mes conversations semblent parfois un peu décousues car j’ai tellement peur d’oublier ce que j’ai à dire que je passe du coq-à-l’âne.
3- Catégorie «Je vis dans ma tête»
Je crois avoir fait quelque chose juste d’y avoir pensé, mais plus tard, je réalise que le «projet» n’a jamais été mis à terme !
Hahaha ! Ça m’arrive souvent, mais j’ai aussi vécu le contraire. Un jour, je devais faxer un papier important à une secrétaire. Le lendemain, je me suis pointée à son bureau en m’excusant d’avoir oublié de le faire. Elle m’a regardée et m’a dit : «T’as pas oublié, regarde il est ici!» Ah ben !
2- Catégorie «Bravo championne!»
– Dernièrement, je suis allée au travail pour rencontrer l’une de mes collègues afin de lui vendre des vêtements de bébés. J’y allais principalement pour ça et j’ai oublié la boîte chez moi!
-Avoir mes lunettes sur le nez et demander à ma fille si elle les a vues.
-Mettre le souper dans le four sans l’allumer.
-Chercher les clés de la voiture, quand la voiture n’a pas de clés mais un bouton. (Celui-là, c’est clairement mon préféré!)
1-Catégorie «J’en oublie mes mathématiques de base»
Quand mes filles étaient bébé, je comptais sur mes doigts pour calculer l’heure du prochain boire, incapable d’additionner l’heure +3!
Ça vous donne une idée !
Bien que je sois soulagée de constater que je suis normale, je suis tout de même inquiète à savoir si tout ça se replacera un jour…
Et vous, vivez-vous ou avez-vous vécu ce «Mommy Brain» ? Combien de temps a-t-il duré ?
Crédit photo : claudielapicarde (photo 1), sonia-brest (photo 2), Pixabay (photo 3), role (photo 4)
Wow moi je me dit mon cerveau a arrêter de fonctionner contente de savoir que je ne suis pas seul