Mon accouchement

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Récit d’un premier accouchement
par Émilie

Lundi, 26 octobre 2015, 7h du matin, je me réveille en sursaut car je sens soudainement mes draps mouillés. Ai-je perdu mes eaux? Il me semble que ce n’est pas SI mouillé que ça. Je me lève, vais à la salle de bain et, prise deux, du liquide s’écoule à nouveau, pas beaucoup, mais assez pour me poser des questions. Je retourne dans la chambre: «Chéri, je crois que j’ai perdu mes eaux!» Lui de me répondre: «Ben non, c’est pas vrai, tu me niaises.» Moi: «Non, je te le dis, c’est vrai!» (Je suis à 38 semaines et 1 jour). Je texte ma meilleure amie, infirmière ayant deux enfants: «Salut mon amie, je viens de perdre environ un tiers de tasse d’eau, je suis au téléphone avec l’hôpital depuis 15 minutes, mais personne ne me répond, tu ferais quoi, toi?» Mon amie: «Tu dois te préparer et partir, bon accouchement ma chum!»

Je vais donc prendre une douche pendant que mon chum se prépare, et nous partons. Mais avant l’hôpital, on doit arrêter au travail de mon amoureux, parce que t’sais, c’est lui qui ouvrait la place ce matin-là. 8h30, j’attends mon chéri dans la voiture pendant qu’il ouvre la salle de réception dont il est propriétaire. Un homme occupé comme j’en connais très peu, mais ô combien merveilleux!

9h, nous voilà à la Cité-de-la-Santé. On commence par m’amener dans une petite salle afin de vérifier si mes eaux sont bel et bien crevées. La technique est des plus douloureuses. On me confirme que mes eaux sont crevées et que j’accoucherai sous peu. Super!

À ce moment-là, je ne suis toujours pas dilatée, je n’ai aucune contraction, aucune douleur. Vers 10h30, voyant que rien ne change, on m’installe l’ocytocine, et je finis par dilater à 1 cm.

Je ressens mes premières contractions vers midi, elles ne sont pas douloureuses. J’ai droit à un super repas d’hôpital, du poulet et des petits pois! Mon infirmière, Carole, une vraie perle, trouve que je souris trop. On augmente l’ocytocine.

À 13h30, j’ai droit à un examen du col insupportable, je suis dilatée à 1,5 cm.

À 14h30, c’est le début des contractions douloureuses, mais tolérables. Mon amoureux arrive à me faire rire entre chacune d’entre elles, vidéo à l’appui.

Arrive 16h45 et un nouvel examen du col. Ça avance, je suis dilatée à 2 cm! Les contractions me font de plus en plus mal. Je trouve ça franchement moins drôle. Ma charmante infirmière Carole est partie, en arrive une autre tout aussi gentille, Sonia.

À 17h30, je n’en peux plus, je veux l’épidurale! Sonia apporte un petit chariot avec tout ce qu’il faut pour me l’administrer, enfin! Quelques minutes plus tard, une autre infirmière arrive dans ma chambre et repart avec le chariot. Non! Mais où allez-vous, ça c’est MON épidurale! «Désolée ma belle, va falloir endurer tes contractions encore un peu.»

18h30, l’anesthésiste vient me voir. Bonne nouvelle! Elle est prête à me donner la piqûre que j’attends avec impatience, malgré que je sois encore seulement dilatée à 2 cm. Dans la chambre à côté de la mienne, ça fait des heures que la patiente crie au meurtre, sans exagérer. L’anesthésiste se permet alors une petite blague: «Ne vous inquiétez pas Madame, cette patiente-là, je ne suis pas allée la voir.» Blague qui fait rire mon amoureux, mais qui me laisse complètement indifférente.

On m’assoit sur le bord du lit, on me met un petit bonnet, on me dit de ne pas bouger, un petit 10 minutes qui fait mal, mais je m’en fou. Les minutes passent, la douleur des contractions s’atténue tranquillement, et puis, ça y est, je ne sens plus rien. Mon Dieu, je suis aux anges, je flotte sur un nuage, je me sens tellement mieux! Mon sourire revient rapidement.

Ce qui se passe par la suite est assez flou, je me souviens qu’on vient me voir toutes les 30 minutes et que j’ai toujours hâte qu’on me laisse tranquille.

20h30, je suis dilatée à 4 cm.

21h30, 6,5 cm.

23h00, 9 cm. J’ai bien fait de prendre des notes!

Photo Emilie accouchement 1Vers 1h30 du matin, on entre dans la chambre. On me dit que l’heure de pousser arrive. J’entends l’infirmière qui réveille mon chum en lui disant: «Réveillez-vous Monsieur, vous allez être papa et ce ne sera pas bien long!»

On m’installe le miroir, j’ai envie de voir ce qui se passe. On m’indique comment pousser. À la prochaine contraction, il faut pousser!

La contraction arrive, je pousse, je vois apparaître un rond de cheveux.

Deuxième contraction, je pousse, la tête est sortie.

Troisième contraction, je pousse, le petit corps au complet est sorti.
Olivia naît à 1h55, le 27 octobre 2015. Elle pèse 6 livres et mesure 45 cm. On lui met un joli petit chapeau et on la dépose sur moi. Jamais de ma vie je ne me suis sentie si bien, si heureuse, si énervée et si calme à la fois. Mon Olivia, mon bébé, ma fille. Je l’attendais depuis longtemps, enfin elle est là.

Jusque-là, on peut dire que mon accouchement a bien été. Mais il reste une étape, la fameuse expulsion du placenta. Attention, cœurs sensibles s’abstenir.
Photo Emilie accouchement 2

On attend 30 minutes pour qu’il sorte, ce foutu placenta. Mais lui, ça ne lui tente pas. Pourtant, il faut qu’il sorte. On donne Olivia à son père et on commence les manœuvres. Pour le faire sortir, les infirmières sont deux à peser rigoureusement sur mon ventre, ce qui m’inflige une douleur pire que les contractions. Et pourquoi ne pas ajouter la main entière du médecin en moi pour aller décoller le placenta en même temps! Et elles pèsent, pressent, écrasent mon ventre durant de longues minutes. Le sang coule à flot, en tout, j’en perds 1,2 litre. Allez, c’est pas fini! Pourquoi pas une petite chute de pression avec ça?! Mon corps se met à trembler si fort, et je meurs de froid. Je ne peux pas contrôler mes tremblements, j’ai probablement l’air de faire une crise d’épilepsie. Je ne me souviens plus trop pourquoi, mais on doit me redonner de l’ocytocine. Le problème, c’est que j’ai perdu tellement de sang qu’on n’arrive plus à voir mes veines. Mais on me pique la main, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois. Chaque piqûre me fait souffrir, et on n’arrive toujours pas à trouver une veine. On change de main, et on pique! Une fois, deux fois trois fois… On finit par l’avoir, et le placenta, à l’aide d’un curetage, finit par sortir. Une heure de douleur intense plus tard, c’est terminé. On m’amène dans ma chambre. Je me sens plus faible que jamais.

Mais Olivia et papa sont là, avec moi, et leur présence me redonne rapidement mes forces et mon bonheur. Je les aime plus que tout au monde.

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