Le Deuil

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La fois où j’ai réalisé que…
par Mélanie L.

 

173299137Le vendredi 22 janvier 2016

2016 promet d’être une année dont on se souviendra longtemps (ou tristement célèbre, c’est selon).

Il y a d’abord eu le décès de M. David Bowie, le 10 janvier 2016, à  l’âge de 69 ans. Suivi du décès de M. Angélil, le 14 janvier 2016, à l’âge de 73 ans. Succédé de celui de Gabriel, le père d’une amie, le 21 janvier 2016, à l’âge de 66 ans.

Et aujourd’hui, alors que M. Angélil (paix à son âme) était conduit à son dernier repos, j’apprenais qu’une de mes amies avait mis un terme à sa grossesse il y a maintenant presque 9 mois. Elle aurait dû accoucher le 29 janvier prochain selon sa DPA. Pour des raisons qui lui appartiennent et que je respecte, ça n’arrivera malheureusement pas. À la veille de cette date critique, soit neuf (9) mois après avoir pris la décision la plus difficile de sa vie, elle doit, à nouveau, faire face à son choix. C’est très difficile pour elle surtout qu’elle n’en avait encore parlé à personne (ou presque). Seuls sa meilleure amie et le père de l’enfant étaient au courant. Aujourd’hui, ses émotions la rattrapent, elle est atterrée pour ne pas dire anéantie.

Dans les prochains jours, elle devra remonter la pente, et ce, même si cette dernière est plutôt abrupte, car la vie continue… Pour ses enfants et son bien-être émotionnel, elle devra faire face à ses tourments et tourner virtuellement la page (sans jamais oublier bien sûr).

Même si la vie n’est pas de tout repos et qu’elle nous fait vivre une montagne d’émotions en si peu de temps, on a la capacité, en tant qu’être humain, de se relever et d’aller au-delà de nos peines.

Je serai évidemment présente pour elle. Je l’écouterai avec attention. J’essayerai de l’aider à cheminer du mieux que je peux.  Rapidement. Mais sans précipiter les choses, car un deuil c’est :

  • Large ;
  • Complexe ;
  • Douloureux ;
  • Déchirant ;
  • Individuel ;
  • Incontrôlable ;
  • Soudain.

Ça nous transperce le cœur et ça s’attaque à notre corps, à nos muscles, à notre tête et à notre âme. Ça vient tout chambouler sans s’annoncer.

Mon plus récent et affligeant deuil ? Celui que j’ignorais ou que j’avais sans doute décidé de bouder (dans l’adversité, j’ai tendance à fuir), c’est celui d’une 2e grossesse. D’une 2e naissance. D’un 2e enfant. D’un petit frère ou d’une petite sœur. D’une famille comme je me la suis toujours imaginée. Vous savez, le genre de chose (mon rêve de petite fille) qu’on sait, et qu’on a toujours su, mais sans jamais se questionner.

Aujourd’hui, je vous présente mon histoire : celle d’une femme brisée par son désir d’enfanter qui a décidé (sans me consulter) de choisir la rancœur au détriment de sa famille.

Ce chapitre de ma vie, que j’ignorais jusqu’à tout récemment, vient de m’exploser en plein visage.  C’est en toute humilité et sans barrière aucune que je vous parlerai de moi, de ma tristesse, de mes peines, de mes tourments. Avec la Mort qui rôde depuis le début de l’année, j’ai rapidement compris que j’étais moi aussi en deuil, mais pour des raisons différentes que celles émises un peu plus haut. Je ne partage peut-être pas les mêmes souffrances, mais ma souffrance n’en est pas pour autant diminuée. Je souffre… J’ai mal… Je ne connais pas le supplice de perdre un père ou un enfant, mais j’en connais un autre. Peut-être le connaissez-vous aussi ?

MISE EN SITUATION

Il y a approximativement 2 ans, j’ai eu cette difficile conversation avec mon mari. Une conversation dont je me souviendrai toute ma vie et au-delà. Le genre de conversation qui te plante un couteau en plein cœur et qui met un terme définitif à tous tes rêves d’un seul geste.

Mais avant, laissez-moi vous parler de mon mari, de l’homme que j’ai aimé, que j’aime encore et que j’espère aimer toute ma vie. Celui à qui j’ai promis devant ma famille, mes amis et Dieu : « Pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et la pauvreté, dans la maladie et l’adversité, je promets de t’aimer et de te chérir tout au long de ma vie. » Ces paroles, je les ai oubliées pendant 2 ans. Et jusqu’à tout récemment, j’ignorais que je ne respectais plus mes vœux. J’ignorais que j’avais cette petite rancœur (amertume profonde et durable que l’on garde à la suite d’une désillusion) au fond du cœur.

Celui que j’aime, et qui partage ma vie depuis presque 17 ans, était devenu mon ennemi sans que je l’autorise réellement. Celui que j’aime de tout mon cœur, celui qui est gentil, doux, attentionné, compréhensif, drôle, touchant, protecteur et j’en passe était devenu un problème (MON problème).  Avec un peu de recul (et une grande discussion entre adultes), je vois la femme aride (dépourvue de générosité, de gentillesse, de sensibilité) que j’étais devenue et que je croyais réellement être depuis toujours. Mais c’était faux. Mon mari a pris le temps de m’expliquer pourquoi je n’avais jamais été cette femme par le passé. Il m’a aussi expliqué depuis quand j’étais tranquillement devenue cette femme (il y a maintenant 2 ans approximativement).

532097493Cette femme, que je déteste de tout mon cœur, s’est tranquillement installée dans mon cœur lorsque mes rêves de petite fille se sont brisés et ça, je viens de le réaliser.

Lorsque mon mari m’a exprimé son souhait de n’avoir qu’un seul enfant alors qu’on a toujours voulu en avoir 2. Alors qu’on n’a jamais discuté de nos plans autrement. Cette femme aride a silencieusement élu domicile dans mon cœur de femme et semblait avoir pour seule mission de faire mal à l’homme que j’aime le plus au monde.

Évidemment, mon entourage en a souffert un peu, mais en apparence, j’étais sans doute une femme épanouie aux yeux de tous sauf que c’est FAUX. Je souffrais d’avoir cette agressivité au fond du cœur et je souffrirai possiblement encore un peu d’avoir été cette femme… Je ne peux malheureusement pas effacer les 2 (deux) dernières années de ma vie, mais je peux essayer de comprendre, de travailler sur moi, de me parler et de me contrôler.

Maintenant que j’ai mis le doigt sur MON problème, je peux essayer de me guérir (d’y apposer un diachylon). Avec un peu de chance, je serai en rémission sous peu.

485221929Depuis que j’ai découvert le pourquoi du comment et que nous en avons parlé, je vais mieux, ça va mieux. La vie est plus paisible. Toutes ces pensées malsaines ne se sont pas évaporées, mais maintenant, j’en suis consciente. Je les vois venir. Je peux donc facilement les intercepter au passage.

Ceci dit, mon plan n’a jamais été de rendre la vie de mon mari (ou de ma famille) infernale. Ça m’a pris un peu de temps, et j’ai pleuré beaucoup, mais je croyais réellement avoir accepté la réalité (la décision de mon mari) et respecté son souhait.

En conclusion, nous n’aurons pas un 2e enfant, mais cette décision, qui n’est pas la mienne, est fragile et sensible. Je me surprends encore à envier celles qui ont la chance de porter la vie en elles.

Le plus difficile dans tout cela ?

  1. Les amis et la famille qui me demandent évidemment quand la famille s’agrandira alors que nous ne serons qu’éternellement 3.
  2. Ma fille qui a maintenant 7 ans, qui aimerait tant avoir une petite sœur, et à qui je dois expliquer sans mettre la faute sur le dos de mon mari que ce n’est malheureusement pas possible et qui réitère continuellement sa demande.

Bref, vous comprendrez que ce texte personnel a été difficile à écrire. J’espère que vous ne me jugerez pas et que ça aidera quelques personnes à cheminer.

À vous, qui êtes en deuil, je vous offre mon respect. C’est un moment difficile à surmonter et je le comprends parfaitement… maintenant.

À toi, mon chéri, j’aimerais m’excuser. Je ne sais pas si tu liras ce texte un jour, mais si tu le fais, j’espère qu’on en rediscutera, car je t’aime plus que tout au monde et le problème vient de moi, pas de toi.

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Je suis Mélanie Little, la personne (depuis 1982), la mère (depuis 2008), l’épouse (depuis 1999) et la fondatrice/rédactrice en chef de Mamans avec opinions (depuis 2015) – celle à l’origine de ce beau projet. Éducatrice spécialisée de formation, j’ai une attirance pour tout ce qui touche, de près ou de loin, aux communications, à la relation d’aide. Je suis celle que vous risquez de voir prendre la parole lorsque vient le temps de défendre une injustice ou de soutenir une cause. Mais je suis également celle qui aime papoter, lire, écrire et jouer à des jeux de société. Simple, accessible et très sociable, j’entre facilement en interaction avec « les autres ». Je vous invite dans mon quotidien de maman TDA/H, ainsi que dans celui de mes collaborateurs. Lisez nos articles, et partagez nos publications. Bref, faites partie de notre belle et grande famille virtuelle! Fondatrice et rédactrice en chef du blogue Mamans avec opinions (juillet 2015)

2 Commentaires

  1. Bonjour Mélanie,
    J’ai lu ton texte (après un texte si personnel, je me permets de te tutoyer parce que j’ai l’impression de te connaître) quand il est paru en janvier dernier. J’avais eu envie d’y laisser un commentaire mais vu la longueur, il s’est plutôt transformé en billet sur mon propre blogue. (D’ailleurs j’ai réalisé en le relisant et en revenant ici que je n’avais jamais mis le lien: http://mesbilletsdoux.canalblog.com/archives/2016/01/31/33290152.html)

    Comment vas-tu 9 mois plus tard?

    • Bonjour Véronique, je vais très bien. 🙂 Merci. C’est un long processus qui me blesse encore à l’occasion (et qui me blessera encore très longtemps), mais je vais survivre comme on dit. Ton propre texte est aussi très touchant. Bonne chance de ton côté! xx

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