Le « coming out », cette étape où on annonce à notre entourage qu’on est différent en quelque sorte. Le mien, je l’ai fait il y a longtemps, mais pas à tous, pas complètement. Pourquoi je dis «pas complètement»? C’est que je savais que certains ne comprendraient pas mes choix et ma réalité, et je n’avais pas envie de me justifier et de m’expliquer ad vitam aeternam. J’ai toujours su que j’avais une attirance autant pour les garçons que pour les filles. En fait, maintenant que je suis adulte, j’ai compris au fond que je ne suis pas bisexuelle, mais plutôt pansexuelle, sachant maintenant qu’il y a une différence entre les deux.
En théorie, la bisexualité est définie par une attirance physique, sexuelle et affective pour une personne du même genre et du genre opposé. Comme sa définition étymologique le décrit: «bi» signifiant «deux», donc les deux genres. Or, le «pan» de pansexualité signifie «tout», c’est-à-dire qu’une personne pansexuelle sera attirée autant sexuellement, physiquement qu’affectueusement par les personnes, sans préférence au niveau du genre de la personne. Évidemment, chaque personne vit son orientation différemment et tout ceci n’est que théorique. En gros, les deux demeurent similaires et ont en commun une attirance pour plus d’un genre.
Ma première expérience bisexuelle
J’avais environ 10 ans lorsque j’ai vécu ma première expérience bisexuelle. Pendant les heures de lunch, les jours d’école, on allait ensemble dîner chez mon amie, alors que sa mère était au travail. Elle me racontait les bruits qu’elle avait pu entendre à travers le mur de sa chambre, puis on se faisait des scénarios de l’acte. Tout ceci a commencé innocemment, la découverte normale d’un enfant de cet âge. On se collait ensemble, se faisant quelques caresses subtiles. On faisait semblant de s’embrasser «comme les grands», comme si ça minimisait le geste qu’on posait à ces moments. Elle ne le savait probablement pas, mais elle avait allumé une petite lumière en moi; celle du plaisir avec une fille.
Ma première blonde
Vint l’entrée au secondaire, grand changement et chamboulement dans ma vie. Mes parents étaient en plein divorce et ma mère avait maintenant une copine. Pour ma part, j’avais rencontré une nouvelle amie à la polyvalente. On est tombée amoureuse sans s’en attendre, surtout elle je crois, qui ne savait pas encore intérieurement qu’elle aimait plutôt les filles que les garçons. Pour ne pas se faire «écœurer», on gardait notre relation secrète à l’école. On passait pour de très bonnes amies et ça nous allait comme ça faut l’avouer. La relation a duré quelques mois, cinq ou six mois je dirais, si ma mémoire est bonne. On profitait des moments ensemble chez elle pour se coller, se minoucher et s’embrasser sans se faire prendre par les curieux. Personne n’était au courant de notre réelle relation, c’était un secret bien gardé.
L’annonce à mes parents
Le jour où j’ai décidé d’annoncer mon orientation à mes parents m’a beaucoup tracassé. J’ai enfin fait le saut lorsque j’avais 14 ans. Ma mère l’a très bien pris, n’étant pas trop surprise de la chose. Elle a simplement demandé si c’était « sa faute » vu qu’elle était en relation avec une femme à ce moment. Je l’ai évidemment rassurée que ça n’avait aucun lien, que je le savais bien avant qu’elle ne rencontre cette femme.
Avec mon père, ça a été une autre paire de manches disons. Lui, ne l’avait vraiment pas bien pris à ce moment, encore amer du divorce et de la nouvelle relation de ma mère, malgré les années qui avaient passées depuis ce temps. Tout de suite, il a cru que j’étais «comme ça» à cause de la relation que ma mère avait maintenant depuis deux ans. J’ai eu beau expliquer en long et en large que ça n’avait aucun lien, rien n’y faisait.
C’est à ce moment que j’ai commencé à me refermer sur moi-même, gardant mes «petits secrets» pour moi et moi seule. Je ne voulais plus avoir à expliquer qui j’étais vraiment. Ce n’était pas un choix que j’avais fait; je suis FAIT comme ça. Ayant vécu cette déception à mon annonce, je m’étais promise de ne jamais faire vivre ceci à mes enfants.
Ils savent qu’ils peuvent me parler de tout, littéralement, sans filtre et surtout sans jugement. On est une famille inclusive en tout point et je trouve important d’avoir une grande ouverture d’esprit et une inclusion sans limite.
Mon implication dans les communautés LGBTQ2+
Mon implication m’a été «imposée» si on peut dire, indirectement. Je dis imposée, mais logiquement, ça allait de soi quand j’ai pris mon nouveau poste, il y a presque trois ans déjà. Mon nouveau patron, le meilleur que je pouvais avoir avouons-le, est homosexuel et en couple depuis plusieurs années. Sans même avoir dévoilé mon orientation, il a vu mon ouverture d’esprit et mon inclusivité envers les communautés diverses. C’était facile de voir que je pourrais jouer un rôle auprès du comité de mon ministère.
J’ai été impliquée plus discrètement au départ, faisant quelques tâches par-ci, par-là. Cependant, à mon retour de congé de maternité de mon septième enfant, c’est là que j’ai «foncé dans le tas», comme l’expression le dirais, et j’ai vraiment pris ma place au sein du comité d’Espace Positif.
Je trouvais important de m’impliquer. Ainsi, mes enfants voient que cette ouverture et cette implication sont réellement importantes pour l’avancement du respect des droits des gens des communautés LGBTQ2+ autant au quotidien que dans leur milieu de travail. On est tous humains après tout, pas juste une étiquette définissant notre orientation sexuelle ou amoureuse.
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Révision: Caroline Robert