Quand l’allaitement devient un échec

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Pendant ma grossesse, c’était clair, je voulais allaiter mon bébé. Pour moi, l’allaitement était un moyen de nourrir mon bébé naturellement, écologiquement et économiquement. Par contre, cette aventure ne s’est pas produite du tout comme je me l’étais imaginée.

Enceinte de mon premier bébé, j’ai commencé par me documenter sur le sujet. J’ai lu et consulté des sites, des revues et des livres. J’étais de plus en plus convaincue que le mieux pour mon bébé et moi était l’allaitement. Avant même l’arrivée de mon mini, j’étais prête à commencer l’aventure de l’allaitement. J’avais trouvé plusieurs livres, contacté une marraine d’allaitement, acheté un tire-lait double électrique et un tire-lait manuel (pour permettre à mon conjoint de donner le biberon à l’occasion), des compresses d’allaitement, des sacs de conservation pour le lait, etc. Avec toutes les ressources que j’avais, je me sentais confiante et prête à commencer.

Le début de l’allaitement

Mes premières inquiétudes ont commencé lors de la fin de ma grossesse. J’avais quelques amies enceintes en même temps que moi et pendant leur grossesse, elles me parlaient de leurs inconforts aux seins et des inconvénients dus au lait qui s’en échappait. Moi, ces désagréments ne faisaient pas partie de mon quotidien. Je me demandais donc si c’était normal. Elles me rassuraient en me disant que ça allait venir assez vite.

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Crédit photo: Pixabay

Quelque temps après mon accouchement, une infirmière m’a accompagnée pour mettre ma fille au sein. Échec. Aucune goutte de lait ne sortait. Elle a donc vérifié l’intérieur de la bouche de ma fille, ainsi que sa succion et sa prise au sein. Tout était parfait. Elle m’a donc rassurée en me disant que c’était normal après avoir été provoquée et après une césarienne. Elle m’a donc dit de stimuler mes seins et de ne pas m’inquiéter, le tout allait rentrer dans l’ordre. Nous avons tout de même réussi à faire sortir quelques gouttes de colostrum. Les heures suivantes, j’ai suivi toutes les recommandations dites par les infirmières. Ma fille réussissait à obtenir un peu de lait, mais je sentais qu’elle n’était pas rassasiée.

Persévérer pour l’allaitement

Ma fille avait trois jours de vie, quand elle a eu sa première poussée de croissance. C’est à ce moment que les boires sont devenus difficiles. Après quelques tétées, elle se mettait à hurler. Je la mettais donc à l’autre sein. Elle tétait un peu et recommençait à pleurer. Les boires duraient plus d’une heure où je la promenais d’un sein à l’autre et où elle finissait  par s’endormir. Elle dormait environ une heure et c’était encore le temps de boire. Une nuit, ce rituel n’a pas fonctionné. Ma fille hurlait de faim et je n’avais rien à lui offrir. Mon conjoint m’a suggéré de lui donner un biberon de lait commercial. Je ne pouvais pas dire non, ma fille avait faim. Par contre, je n’ai pas été capable de lui donner moi-même. Pour la première fois, j’ai vu ma fille rassasiée. Elle a dormi les quatre heures suivantes.

J’étais dévastée de voir mon bébé qui avait faim et de ne pas avoir une production assez suffisante. J’ai donc dû me résigner à faire l’allaitement mixte. Par contre, je n’avais pas encore perdu espoir pour l’allaitement exclusif. J’ai contacté ma marraine d’allaitement. Elle m’a dit de stimuler le plus possible mes seins avec mon tire-lait et avec des massages. Donc, entre les boires, c’est ce que je faisais. Le jour, comme la nuit. J’étais épuisée, mais je me disais que c’était le mieux pour ma fille. Pendant ce temps, je pensais à mes amies qui produisaient trop de lait. Elles accumulaient les sacs de conservation plein de lait dans leur congélateur. Elles jetaient aussi à la poubelle de nombreuses compresses pleines des débordements.

Au grands maux, les grands remèdes

J’ai décidé d’aller consulter un médecin. J’ai reçu une prescription d’un médicament qui pouvait augmenter ma production de lait. J’étais contente, j’avais espoir de pouvoir nourrir enfin normalement mon bébé. Les comprimés ont fait leurs effets. Ma production avait un peu augmentée. Dans les heures qui ont suivi, j’ai commencé à avoir de gros maux de tête. C’était tellement intense que je n’avais même plus la force de ne rien faire. J’ai donc dû penser à ma santé en premier et arrêter ces médicaments.

La fin de l’allaitement

Pendant deux mois, j’ai souffert en vivant dans l’inquiétude de ne pas donner le meilleur à mon bébé. Je me suis sentie coupable de ne pas pouvoir offrir tout le lait dont mon bébé avait besoin. Je me sentais très mal lorsque les médecins, les infirmières et les spécialistes en allaitement me disaient que c’était impossible de ne pas produire assez de lait, que toutes les femmes avaient une montée de lait, un jour ou l’autre. J’étais gênée de dire que mon bébé buvait de la préparation pour nourrisson, car je ne produisais pas assez de lait. J’étais épuisée de passer entièrement mon temps à allaiter, à essayer de tirer mon lait et à faire tous les trucs pour augmenter ma production de lait, sans avoir de succès. J’ai dû abandonner. Pour ma santé, pour mon bien-être et pour mon bébé. Ce fut un moment très difficile à passer.

Quelques semaines plus tard, j’ai écouté à la télé, un documentaire sur l’allaitement. Un des spécialistes a expliqué qu’environ 10% des femmes n’avaient pas une production de lait assez suffisante. Je n’en revenais pas. Il n’y avait encore personne qui m’avait parlé de ça. Parmi toutes les informations que j’avais lues, aucune ne parlait de ce sujet. Pour la première fois, je commençais à mieux me sentir face à mon échec.

Aujourd’hui, je dirais aux mamans dans la même situation de ne pas s’en faire avec cela. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas un échec. Ça arrive. Tu es une bonne maman. Tu fais le mieux pour ton enfant. C’est mieux une maman heureuse avec un biberon qu’une maman malheureuse avec l’allaitement.

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Révision : Caroline Robert

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