Atténuer l’anxiété à l’école

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Ton petit vient de faire son entrée à l’école cet automne. Après quelques semaines, comment ça va? Il a toujours été un p’tit vite, je sais. Les miens aussi… Puis la première communication est entrée, et ta balloune s’est vite dégonflée. Mais toi? Comment TOI tu vas? Tôt ou tard, tu te poseras des questions à savoir qu’est-ce qui ne tourne pas rond? Qu’est-ce que tu fais d’incorrect? Est-ce que ton petit a un déficit d’attention avec ou sans H? Est-ce qu’il souffre d’anxiété (l’anxiété, ce grand mal) ou est-ce qu’il cache un trouble d’apprentissage quelconque?

Peu importe la conclusion, tu souffriras pour lui et tu auras l’impression que ton petit est le seul enfant différent. Et peu importe ce qu’il a, l’anxiété va toujours finir par s’en mêler. Ce n’est pas facile de voir son petit en difficulté, mais ça va aller. On est tous passés par là, même les parents d’enfants qui réussissent bien. Je parle en connaissance de cause. Laisse-moi te partager ce que mes grands m’ont appris sur l’école depuis qu’ils sont tout-petits.

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Crédit photo: Pixabay

L’anxiété chez mes petits

Depuis les douze dernières années, d’innombrables larmes ont coulé sur mes joues quand je me sentais impuissante ou incompétente parce qu’à la maison, comme plusieurs d’entre nous, j’en ai un avec un trouble d’anxiété généralisée et une avec un déficit de l’attention. Les deux se désorganisent à la moindre distraction, les deux ont eu des symptômes de dépression et malgré toute ma bonne volonté, ils ont souvent échoué. Même après toutes ces années, et à l’âge qu’ils sont rendus, quand mes enfants partent pour l’école (merci mon Dieu, ils n’ont pas décroché), ça me serre en dedans, mais moins qu’avant.

Mon anxieux vient tout juste de faire son entrée au cégep (enfin!) et ma désorganisée préférée terminera son secondaire cette année, idéalement sans trop se stresser à l’idée d’avoir de bons résultats. Diagnostic ou pas, ton enfant vivra des moments difficiles ou des épisodes d’anxiété. Tu vivras un jour ou l’autre des crises à propos de l’école, mais tu peux l’aider à tout atténuer. Voici trois petits trucs que l’école m’a appris depuis les douze dernières années.

Pour atténuer l’anxiété, il faut lâcher le « SI » 

À la première année au primaire, je prodiguais de bons conseils à mes enfants parce que je voulais que tout se passe bien. « Si un ami n’est pas gentil, tu iras voir ton professeur? », « Si jamais tu te sens stressé, respire. », « Si ça va trop vite, demande à ton professeur de ralentir un peu… ». 

Quand on commence une phrase avec un « si », c’est souvent comme appuyer sur le bouton panique avant même que le danger ne se présente. À force de « si », j’ai inculqué à mes enfants qu’il y avait potentiellement un danger partout et je leur ai fait penser à des situations qui n’arriveraient peut-être jamais. Je leur ai inculqué l’anxsiété! 

On aurait dû se contenter de gérer le problème au moment où il arrivait pour ensuite passer à un autre appel. À la place, on en parlait régulièrement pour prévenir, on le gérait lorsqu’il arrivait et on se le rappelait pour ne pas répéter l’expérience. À trop vouloir protéger, on entretenait l’anxiété. 

Mes enfants se sont-ils fait écœurés dans la cour d’école? Probablement. Ont-ils eu des conflits? Assurément. Ont-ils pleuré? Aussi. C’est ça la vie! En tout, j’estime que mes enfants ont peut-être vécu une vingtaine de situations conflictuelles par année scolaire. Le temps de gérer les situations, de se réconcilier… Admettons que ça a mis un nuage sur l’équivalent d’une cinquantaine de journées sur les 180 jours prévus au calendrier scolaire. Est-ce que ça valait vraiment la peine que je les prévienne à l’avance et qu’ils soient sur leur garde pratiquement tous les jours, à entretenir l’anxiété juste au cas? Pas du tout!

Dans les situations du quotidien, je crois qu’il vaut mieux remplacer le « si » par un silence ou par le mot « essaie »… Reste tout près, garde l’oeil ouvert, mais ne dis rien et laisse-le expérimenter. Laisse-le tomber, il apprendra à se relever. Ne t’inquiète pas, s’il en a besoin, il viendra te demander conseil.

Pour atténuer l’anxiété, il faut voir au-delà des notes

Arrêtons de ne penser qu’aux notes! C’est quoi cette folie-là? Une note, c’est comme le poids. Ce n’est qu’un chiffre et ça ne définit aucunement la qualité d’une personne ou quel sera son niveau d’épanouissement dans la vie. Je suis maman et aussi professeur au collégial. À toutes les sessions, j’en ai des forts, des faibles, des organisés, des perdus. Certains aux prises avec de l’anxiété, de la dyslexie, un trouble du spectre de l’autisme… Oui, oui! Même au Cégep! Ils ont fini par s’y rendre. Et tu sais quoi? Ultimement, ils obtiendront tous un boulot, même si pour certains, obtenir la note de passage est ardu. Plusieurs termineront à 20 ans, d’autres à 22, et quelques-uns reviendront sur les bancs d’école à l’aube de la trentaine. Et puis, ça change quoi? 

On voit souvent les notes comme une fin en soi alors qu’elles ne devraient être que des indicateurs qui informent sur ce qui va bien et ce qui va mal. Quand on te demande : ”Pis, comment va ton p’tit à l’école?”, il faudrait arrêter de ne répondre qu’en fonction des notes. Si ton petit échoue, tu diras que ça va mal. Mais peut-être est-il super timide et qu’il a réussi à bien collaborer en équipe cette semaine, chose qu’il n’avait jamais fait auparavant… c’est une réussite ça, non? C’est à force de poussières de réussite qu’il prendra confiance et qu’il balayera doucement l’anxiété. C’est ensuite que les notes suivront.

En mettant le focus sur la note, l’enfant finit par penser ”qu’il est la note” et quand tu as une note décevante, tu te considères décevant. C’est assez poche comme sentiment, non? C’est une autre façon d’entretenir l’anxiété chez plusieurs enfants. Plus ils sont anxieux et moins leur cerveau est réceptif. Aucun enfant ne rêve d’échouer. S’ils échouent, ils en sont bien malheureux et ceux qui ont l’air de s’en foutre, c’est simplement parce qu’ils mettent la carapace de l’évitement pour moins souffrir.

Les notes ne servent pas à juger l’enfant, mais bien son niveau de compréhension. Certains apprennent plus lentement, d’autres différemment et ça n’a aucun lien avec l’intelligence. Notre école est bâtie sur un modèle qui a établi des normes. Par exemple, en dix heures, l’enfant devrait être en mesure de comprendre xyz… Au terme de ces dix heures, on évalue, on pose un jugement. Et si ton enfant avait eu cinq heures de plus parce qu’il apprend différemment; il aurait davantage possédé la matière et aurait obtenu 85% plutôt que 58%.

Parce qu’il a pris un chemin différent pour apprendre, on le juge négativement. Comme si la norme pour se rendre à Québec en voiture est de 2h30 et que tu y arrives en 3 heures, est-ce que tu feras un moins beau voyage? Quand nos enfants auront 10 ans d’expérience sur le marché du travail, peux-tu me convaincre que le p’tit vite sera plus compétent?

Les notes sont simplement des guides qui aident à apprendre, qui aident à savoir où mettre davantage d’efforts. Au contraire d’une source d’anxiété, elles devraient sécuriser, car elles guident vers la réussite. Un peu comme le tableau de bord de ta voiture. Si l’odomètre indique que tu roules à 90km/h dans une zone de 70, il ne fait que te signaler que tu devrais ralentir. Ça ne fait pas de toi une mauvaise conductrice pour autant.

Le père de mes enfants et moi n’étions pas les plus doués à l’école. On a tous les deux suivi des cours d’été, repris nos mathématiques de secondaire 4, eu des échecs et des refus dans nos demandes d’admission dans certains programmes d’études. La clé, c’est qu’on a juste pas lâché, on a emprunté des chemins différents que ce qu’on avait prévu au départ (il y a juste les fous qui ne changent pas d’idées). Aujourd’hui, nous sommes heureux au travail et avons de meilleures conditions que bien des bollés que nous avons côtoyés.

Pour atténuer l’anxiété, il faut apprendre à vivre avec

On va se dire les vraies affaires. Nos enfants souffrant d’anxiété, d’hyperactivité ou qui sont incapables de se concentrer ne font pas pitié. Arrêtons de se camoufler derrière les excuses du genre : « j’ai un enfant différent ». À voir le nombre d’enfants qui bénéficient d’un plan d’intervention, on va s’entendre que si c’est ça être différent, et bien tant mieux, parce qu’aujourd’hui, rien n’est plus normal qu’être différent! Au même titre que n’importe qui aux prises avec un problème d’asthme, une myopie, une main plus petite que l’autre ou une dyslexie, ton enfant doit apprendre à vivre avec.

Toi, tu dois accepter de le laisser expérimenter au risque de se planter et de vivre des échecs. Ça fait mal, mais on n’en meurt pas. C’est la seule façon qu’il apprendra à se relever. Tu dois l’accompagner et l’encourager bien sûr, mais tu dois apprendre à le laisser vivre avec ses défis à lui!

Mon fils a passé le secondaire le plus horrible que j’aurais pu imaginer pour lui. Avec un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée et une immaturité physique et émotive évidente à son entrée au secondaire, admettons qu’il a eu son lot de défis. Bien honnêtement, si j’avais été lui, j’aurais abandonné dès l’obtention de mes seize ans. Il a passé par toutes les émotions: le rejet, la dévalorisation, la honte, l’agressivité, l’indifférence… pendant six ans… et malheureusement, pour lui, ce sera toujours comme ça.

L’an dernier, à deux mois de la fin de son interminable secondaire, il s’apprêtait à lancer la serviette après un énième échec qu’il compte maintenant par dizaine (et beaucoup de dizaines!). Puis, son psycho éducateur a levé le ton et lui a parlé comme personne n’avait osé avant. Ça a été assez intense (même pour la mère)!

Il lui a dit : « T’as un TAG, c’est une maladie mentale donc t’es un malade mental et ce sera comme ça toute ta vie. Ton cerveau ne manque pas d’intelligence, mais il fonctionne de même, il est toujours sur le qui-vive. Ça ne changera pas, t’as pas le choix de comment fonctionne ton cerveau. Par contre, t’as le choix de gérer les comportements qu’il t’impose ou de le laisser te gérer. Donc tu fais quoi?… » BAM! Traiter mon enfant de malade mental…

Ce soir-là, j’avoue que fiston était ébranlé, mais ces dures paroles évoquées sans pitié ont fait leur chemin. Depuis, sa vie n’est pas plus facile, mais ça lui a fait réaliser que quand t’es myope, tu vis avec et tu mets des lunettes, quand t’es asthmatique, tu vis avec et tu traînes ton Ventolin, quand t’as une maladie mentale, tu vis avec et tu te trouves des trucs… C’est ça, sa vie à lui et à dix-neuf ans, il vient d’accepter de vivre avec… Son attitude vient de prendre un tournant sur le bon bord. C’est fou ce que l’acceptation a comme effet sur l’anxiété.

Il est inscrit au cégep et y suit des cours sous condition. Lors d’une discussion, il m’a dit: « t’sais maman, je ne suis pas certain que l’examen ait bien été, j’avais l’anxiété dans le tapis… Mais c’est pas grave parce que je vais faire la même chose que tout le monde plus tard. Mon chemin est juste plus long et différent, c’est frustrant. C’est correct en même temps, ça va être comme ça toute ma vie, je l’ai compris.»

Les défis qui appartiennent à ton enfant n’appartiennent à personne d’autre, même pas à toi. Tout ce que tu fais instinctivement pour l’empêcher de souffrir ne représente qu’un pansement sur le bobo et ça peut davantage lui nuire. Crois-moi, je suis passée par là. Ce sera ainsi toute sa vie. Quand tu ne seras plus là, que fera t-il? Plus longtemps il comptera sur toi et plus ce sera difficile pour lui de voler de ses propres ailes. Reste près, mais laisse-le tomber pour qu’il apprenne à se relever. Ce n’est pas facile de voir son enfant échouer, pleurer, se trouver poche, je sais.

Penses-tu que si tu l’aides « trop » et qu’il obtient une bonne note, il se valorisera? Malheureusement non, parce que ton enfant n’est pas con… Il sait que s’il a réussi, c’est beaucoup grâce à toi et non grâce à lui. Aide-le à s’organiser, soutiens-le quand il se décourage, guide-le dans ses réflexions, mais ne fais pas les choses pour lui. Et si ça ne fonctionne pas cette fois-ci, il aura tout de même appris quelque chose. Ça ira mieux la prochaine fois; il a toute la vie devant lui.

Finalement, quand plus rien ne va, contente-toi d’être la maman. C’est déjà immense comme rôle et tu n’es pas superwoman. Guide ton enfant vers ceux qui sont meilleurs que toi pour l’aider. Tu as tes limites. Te donner la responsabilité de soulager ton enfant ne fait que transférer l’anxiété sur toi. Lâche prise, ça ne donne rien! Je te le dis, j’aurais dû le faire bien avant! Ta job, ce n’est pas de le psychanalyser ou de le changer. C’est de l’accepter dans son entièreté, de lui ouvrir tes bras quand il a besoin de pleurer et de lui apprendre à s’aimer tel qu’il est.

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Révision: Caroline Robert

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Fière maman d’une fonceuse de 17 ans et d’un courageux de 19, je suis enseignante en marketing au niveau collégial, séparée et banlieusarde assumée. Entourée de jeunes aux hormones dans le tapis presque 24 heures sur 24, j’excelle quand vient le temps de relativiser et de dédramatiser. Les longues minutes passées dans la circulation m’amènent à avoir des réflexions sur l’actualité, sur le sens de la vie, sur ma réalité qui ressemble probablement à la vôtre… Riche d’une confiance en la vie et d’un désir de venir à la rencontre des autres, j’ose, depuis quelques années, mettre sur papier mes idées, mes bulles, mes folies à travers différents écrits qui allient humour, sensibilité et humanité. Collaboratrice régulière depuis août 2018.

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