Adolescente, j’étais une des seules dans ma classe dont les parents étaient encore ensemble. Encore plus est, tout le monde dans ma famille était marié depuis plusieurs années et heureux (du moins en apparence). Dans ma tête de jeune fille, c’était donc facile : je trouverais un amoureux, je me marierais tôt, nous aurions des enfants et je serais avec lui pour la vie. Loin de moi l’idée que ça pouvait être compliqué, voir un travail quotidien ou même, que je vivrais la réalité d’une famille recomposée. Ma mère avait beau me le dire, je ne la croyais pas. Mon père et elle, ça semblait tellement simple, tellement fluide!
Au suivant.
J’ai eu mon premier amoureux, un vrai, vers l’âge de 19 ans. Oui c’est plutôt tard, mais plusieurs circonstances m’excusent : j’allais à une école de filles et j’étais corporellement « hors-norme ». Marc-André (nom fictif) est donc entré dans ma vie : doux, attentionné, gentil et… homosexuel! À l’âge de la découverte, il s’était révélé une forte attirance pour l’un de nos amis.
Dévastée, je m’étais bien promis que le prochain serait le bon. Je me mariai donc à 25 ans avec Martin (Nom fictif, encore!). Notre relation était stable, tout coulait comme un long fleuve tranquille. Mais voilà donc que je découvre mon pouvoir de séduction de fille ronde, que je découvre le « tchat » sur internet. Là, c’est moi qui décroche de mon couple et qui ouvre plusieurs dossiers à la fois. Échec encore. Je rencontre plein de gars, la plupart d’entre eux, de bons partis, mais ça ne marche pas. Faut dire que je m’entiche aisément d’amoureux ou d’amants de passage en n’ayant qu’une idée en tête : trouver l’Homme (avec un grand H) de ma vie.
À chaque torchon, sa guenille!
Les années passent et je me vois vieillir. J’ai 36 ans et toujours pas d’enfant. La madame commence un peu, beaucoup à désespérer. Mais ma mère, éternelle optimiste, me répète toujours la même phrase que j’haïs tant : « À chaque torchon, sa guenille! »
Puis, sur un site de rencontre en ligne, j’apprends à connaître un gentil montréalais, volubile et bel homme, artiste de surcroît. Doucement notre relation se solidifie et très rapidement, un petit bout de vie éclot en moi. Même s’il est tôt dans notre relation, nous l’accueillons à bras ouverts. L’artiste déménage dans les Laurentides avec moi, même s’il ne sait pas conduire et n’a pas de job qui l’attend : nous nous aimons, c’est ça qui compte qu’on se dit. Alice nait à l’équinoxe d’automne. Une belle fille au bonheur facile. Mais ce qui était dû pour arriver, arriva et mon bel artiste se sentit prisonnier et dépendant de moi, loin dans les montagnes et il quitta le nid familial juste avant que notre fille atteigne ses 2 ans.
Le désert.
Pendant plus d’un an, je soigne ma blessure, je me guéris et je redirige mon attention sur ma fille. Après un certain temps, le naturel revient au galop et je décide donc de m’inscrire sur un site de rencontre. Un grand barbu attire mon attention, je lui envoie un message en lui parlant d’un de nos intérêts communs : les microbrasseries. Quelques séances de clavardage et un souper au restaurant (où l’on ferme le restaurant tellement on jase) plus tard, je déclare haut et fort à qui veut l’entendre que j’ai enfin trouvé mon Homme. Sagement, j’attends quelques mois avant de le présenter à ma fille. De son côté, il la prend comme sa fille, mais ma fille, elle, le voit d’un autre œil et met du temps avant de l’accepter dans notre vie. J’ai 41 ans.
La surprise
Tout va bien dans le meilleur des mondes. Mon grand barbu et moi avons notre petit cocon familial et à l’âge que nous avons, nous sommes sûrs et certains que nous n’aurons plus d’enfant. Mais voilà, un petit trait de plus sur un test de grossesses nous annonce que nous devrons bientôt prendre une grande décision. Une longue semaine de tergiversations passe lorsque mon homme me dit : « Et si l’on se lançait? On le garde? » Tous les deux, nous avons posé nos conditions : nous voulions nous assurer que la santé du bébé à venir serait optimale. J’ai donc passé des tests sanguins ultras poussés pour vérifier qu’aucune anomalie chromosomique n’était présente (du coup, j’ai su que c’était une fille, et ce, à 13 semaines de gestations!!) et j’ai été suivie de très près à la clinique de grossesse à risques de l’hôpital de Saint-Jérôme. Le 26 janvier 2017, j’ai mis au monde mon petit soleil, ma belle Emmanuelle.
Faire de la limonade avec des citrons
Pourquoi vous racontai-je tout ça? Parce que malgré les aléas de la vie, j’ai toujours su tirer mon épingle du jeu. Je n’ai cessé d’espérer trouver l’âme sœur. Et moi qui croyais que tout était facile en amour, j’ai appris que c’était un boulot terrible. Tout un travail, oui, mais avec la bonne personne, cela va de soi. Et même si à l’époque, ça ne me disait pas grand-chose, je me rappelle les paroles que mon grand-père maternel soufflait aux oreilles de la petite fille beaucoup trop pressée de grandir que j’étais : « Tout vient à point à qui sait attendre. »
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