L’appel de la famille : visualiser sa progéniture

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mom and dad a wonderful little son walking in summer sunny city

Le jour où j’ai décidé que je fonderais une famille en ayant au moins un enfant s’est fixé assez tôt dans ma vingtaine vu mon côté maternel et mon envie de prendre soin des autres. Il y a eu par contre un autre jour, plus tard, où j’ai su clairement que je voulais avoir plus d’un enfant…

famille
Crédit photo: www.freepik.com

Étant enfant unique, j’ai été habituée à des fêtes de famille se limitant à de petits groupes incluant peu d’enfants. Mes parents étaient solitaires, casaniers, donc je n’étais pas souvent à l’extérieur de la maison à découvrir de nouveaux visages. Je ne suis pas non plus allée à la garderie. J’avais une bonne amie de quartier dont j’étais inséparable et qui, dès le primaire, a occupé l’espace libre que j’avais à la maison. Jeune, j’ai appris à jouer seule et à me créer des mondes imaginaires, ce qui explique peut-être ma grande créativité aujourd’hui et ce qui montre que l’enfance apporte des forces à l’adulte en devenir.

C’est lorsque j’ai rencontré la famille de mon conjoint (4 frères et sœurs et 2 demi-frères, qui ont 8 enfants au total) que j’ai réalisé ce que c’était « l’esprit de famille », « l’effet de groupe ». Avec eux, j’ai pu comparer et en venir à la conclusion que dans ma petite famille, nous étions toujours un peu plus en mode « retrouvailles » chaque année qu’en mode festif, tous ensemble, tissés serrés à partager multiples moments-souvenirs (chanter ensemble, rire aux éclats, faire équipe pour des jeux, ce genre de trucs). Sachez bien que j’ai connu ces moments tout au long de mon enfance; aller chez ma grand-mère était pour moi un bonheur, une occasion de rassemblement. Je tiens à préciser que je ne généralise pas mon histoire à celle de tous les enfants uniques; chaque réalité, chaque réseau familial, chaque esprit de famille créé par la présence d’amis, chaque souper à l’extérieur, chaque sortie ou activité amenant les enfants à en côtoyer d’autres peut créer aussi bien, à mon avis, un réseau rassembleur et chaleureux autour d’un enfant et arriver à combler de nombreux besoins.

C’est en vieillissant, en vivant certaines choses que je n’avais jamais connues, que j’ai été amenée à me faire certaines réflexions d’adulte, selon un nouveau regard. Enfant ça ne me troublait pas. Cet esprit de famille créé par la présence d’une tribu significative autour d’un enfant rejoignait mes valeurs profondes. L’entraide entre un frère et une sœur, la proximité physique de la marmaille collée sur un divan, toute la vie dans une seule soirée avec autant de personnalités hautes en couleur, l’amour inconditionnel semé de différentes façons selon le caractère de chacun, les rituels, etc.  J’enviais mon conjoint, je trouvais ça beau de voir la fraternité. Je me disais intérieurement : « Lorsque tu seras orphelin de tes deux parents, tu auras encore 6 frères et sœurs (en plus de leurs enfants) comme famille ». Je réalisais que moi, malgré tout l’amour donné par mes parents, lorsqu’ils quitteraient cette terre, je serais ma seule famille. À ce moment, je me suis bâti ma propre famille à ma façon (avant d’avoir des enfants), j’ai investi dans mon réseau. Mais la conviction que je voulais plus d’un enfant se faisait entendre : pour bâtir ma famille, pour créer tous ces beaux moments, pour leur permettre d’échanger entre eux ce que je n’ai pu échanger aussi souvent, pour leur faire connaitre un grand bassin d’amour inépuisable, pour leur donner un lien significatif qui les unira à vie.

Puis, est arrivé mon premier enfant. La première année de ma petite à la garderie a été difficile. Elle a été malade, puis hospitalisée. Le même problème physique était récurrent. Les nuits blanches, les rendez-vous médicaux et le travail me menaient parfois au bout du rouleau. J’ai parfois frôlé l’épuisement, rongée par l’inquiétude dans mon rôle de nouvelle maman. Certains collègues m’ont dit : « Tu ne dois pas penser à avoir d’autres enfants après tout ça ». Malgré ces moments moins faciles, la réflexion ne m’était même pas passée en tête, j’étais surprise.

C’était ancré… Un enfant, c’est avoir des difficultés, donner une part de sa vie et de son énergie, pour élever un petit village bien vivant, nous apportant beaucoup plus que des difficultés. Oui, j’en aurai d’autres, non, ce ne sera pas toujours facile, et oui mon énergie ne sera pas la même, mais ma conviction reste là… dans mon cœur.

Ma fille, je tiens à te dire que même si l’adaptation ne sera peut-être pas facile lorsque tu ne seras plus seule, j’espère que tu pourras voir plus tard ce que j’ai voulu te léguer avec tout l’amour du monde. Vous voir ensemble sera pour moi un accomplissement : dans vos chicanes comme dans vos meilleurs câlins…

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Révision: Stéphanie Poirier

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