Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH ou TDA) est un sujet sensible. Certains pensent qu’on donne trop facilement une étiquette aux enfants et d’autres se battent pour que ces mêmes enfants puissent avoir des ressources et du support. Dans la société d’aujourd’hui, on entend souvent parler de ce trouble et on a l’impression que plus d’enfants en sont atteints.
Nous pouvons penser que nous sautons trop vite aux conclusions ou que le trouble est mieux cerné, donc plus souvent diagnostiqué. Peu importe les raisons ou le nombre, l’important c’est que ce trouble existe vraiment et qu’il rend ardue la vie quotidienne de milliers d’enfants…et de parents. Nous en parlons de plus en plus, mais ce que la plupart des gens ignorent, c’est qu’environ 50 % à 65 % de ces enfants garderont des symptômes du TDAH à l’âge adulte et devront s’adapter à cette nouvelle réalité. Mais comment s’adapter, comme adulte, quand les groupes et ressources sont encore moins connus et disponibles que pour les enfants?
L’importance de la routine chez l’enfant : oui, mais que se passe-t-il si maman n’y arrive pas elle-même?
Tous les spécialistes, tantes et voisines s’accordent pour dire que la routine est primordiale pour élever nos enfants. Je n’irai pas contredire ce fait irrévocable, mais comment établir une routine lorsque moi-même, la maman, je n’y arrive pas?
Je me lève le matin et si quelque chose attire mon attention il se peut que j’oublie de déjeuner et lorsque je n’oublie pas, je pars sans me brosser les dents. Une fois en route pour le travail je me rends compte que je gèle des mains parce que marcher pour aller à l’arrêt de bus sans mitaines en plein hiver au Québec…c’est une mauvaise idée ça. Lorsque mon ventre crie famine à l’heure du dîner, je me rends compte, évidemment, que j’ai oublié ma boîte à lunch sur le comptoir. Je vais donc au resto du coin m’acheter un sandwich. De retour à la maison en fin de journée, on doit changer les plans du souper parce que j’ai oublié de sortir la viande du congélateur le matin.
Bref, le hamster dans ma tête, il ne court pas dans sa petite roue, il fait un marathon dans une boule qui part dans tous les sens! Avoir un TDAH c’est avoir un petit moteur qui te pousse à agir, parfois trop rapidement, d’autres fois trop intensément et souvent au mauvais moment. C’est aussi avoir de la difficulté à suivre un horaire ou penser à des petits bonhommes bleus qui vivent dans un champignon pendant que ton conjoint essaie de te rappeler que Junior a un cours de karaté dans une heure. C’est vivre les émotions à cent milles à l’heure et voir les problèmes comme le mont Everest. Mais tout ça, toute cette cacophonie, il aura fallu que je devienne maman et que je frappe un mur de brique avant de comprendre qu’il y avait quelque chose qui clochait dans mon cerveau. C’est seulement à l’âge de 22 ans, après un traumatisme crânien suite à un accident bête avec des amis et une dépression, que j’ai reçu le diagnostic de TDAH. Alors quand maman a un cerveau propulsé par des fusées sans pilote, imagine à quoi peut ressembler la vie de famille!
Les hauts et les bas de maman TDAH
Avoir une maman TDAH c’est quand même cool! Parfois t’as le droit à une nouvelle veste pendant une sortie parce que maman a oublié d’apporter la tienne et qu’il fait froid! T’as aussi une super partenaire pour jouer au ballon fou parce que maman a un surplus d’énergie à dépenser. Attention aux batailles d’oreiller ou de boules de neige, elle risque de gagner haut la main tellement elle peut être intense. Tu risques d’avoir le droit à des crêpes au sirop d’érable un vendredi soir si maman a oublié de sortir le steak le matin. C’est bien meilleur des crêpes, non? T’as aussi plein d’anecdotes à raconter à tes cousins. Comme la fois où maman est partie faire du vélo avec deux souliers différents parce qu’elle était trop dans la lune. Ou encore le jour où maman a déposé le biberon de ton petit frère dans ta boîte à lunch pour l’école.
D’un autre côté, avoir une maman TDAH c’est aussi compliqué parce qu’elle oublie parfois le lavage et tu manques de pantalons pour l’école. Aussi, il arrive que tu doives te dépêcher et tu ne comprends pas pourquoi, mais c’est parce que maman avait oublié que vous aviez un rendez-vous important. Tu te fais bousculer parce que la routine ne tient pas toujours et tu dois toi-même lui rappeler qu’il faut se brosser les dents ou de ne pas oublier le sac à couches quand vous partez.
Mais au travers de tout ça, il y a la maman spontanée qui sait se revirer sur un dix cents dans n’importe quelle situation. Il y a la raconteuse d’aventures abracadabrantes et la championne des courses à obstacles. Il y a la maman lunatique qui te fait rire parce qu’elle a mis son chandail à l’envers ou qui parle de chats en même temps que papa parle du sens de rotation de la Terre (oui parce que lorsque j’ai une idée en tête il faut que je la dise toute de suite, c’est plus fort que moi, même si tu es en train de parler d’attaque nucléaire!). Maman oublie des choses, la maison est en bordel et le lave-vaisselle attend d’être vidé depuis deux jours, mais maman est tellement imprévisible qu’on a du plaisir. Il faut bien prendre les choses avec légèreté, sinon on devient vite dépassé et c’est là que tout déraille.
Prendre en photo un bébé de 16 mois qui veut juste courir partout? Pff! Facile! Essaie de prendre une bonne photo de moi maintenant!
D’accord, mais revenons-en à la routine (oui parce qu’on était là trois paragraphes plus tôt)
Par contre, même si rire c’est bon pour la santé et les aventures c’est amusant, il faut quand même réussir à tenir un semblant de routine et arriver à l’heure à l’école. C’est juste deux fois plus d’efforts pour moi et mon TDAH.
Il y a un grand tableau noir sur le mur pour les menus, les rendez-vous familiaux et les activités des enfants. J’ai un agenda aussi gros qu’un cartable rempli de symboles et de notes pour ne rien oublier. Il y a des notes autocollantes un peu partout dans la maison pour que je puisse me rappeler de sortir les poubelles, d’aller mettre la brassée de linge dans la sécheuse ou pour me souvenir qu’il faut apporter des pyjamas et des sous-vêtements dans la valise pour la sortie du week-end.
Mon téléphone sonne toutes les heures pour me dire de prendre ma médication le matin, de me brosser les dents après le déjeuner, de sortir la viande du congélateur avant le dîner et de partir le four à 375 degrés à 16:00 (et encore là, si je suis aux toilettes au moment où mon alarme retentie, je risque d’oublier d’aller effectuer ladite tâche une fois sortie de la salle de bain!).
Il se peut aussi que j’oublie un cours de natation, que j’aille faire l’épicerie et revienne sans le lait ou la sorte de biscuit que Junior voulait, mais au moins il avait ses pantalons de neige pour aller jouer dehors à l’école le matin et il avait une collation dans sa boîte à lunch.
Avoir peur de ne pas être parfaite
Dans une société où les gens se mettent beaucoup de pression et où les mères essaient d’être LA meilleure dans le domaine, il est difficile de se sentir adéquate quand notre cerveau nous joue des tours. Quand on ne réussit pas soi-même à tenir une routine et à se retrouver, il est compliqué et exténuant d’essayer de tout faire parfaitement pour nos enfants.
Étant une personne avec un TDAH, je vie avec la crainte de ne pas réussir, l’impression de ne pas être à la hauteur et je culpabilise pour mes erreurs et mes échecs. En devenant maman, je me disais que je ne pouvais pas mettre toute la faute sur mon cerveau et qu’il fallait exceller parce que c’est ce qu’une maman devait faire. Suite à mon diagnostic, il a fallu que j’aille chercher de l’aider pour comprendre ma réalité et m’aider à m’organiser. J’ai appris que je devais baisser la barre et me mettre des objectifs réalistes. J’ai dû accepter que notre dynamique familiale puisse être différente et m’entourer de gens pour nous appuyer et nous aider.
Comme pour tout le monde, il faut se donner le droit l’erreur et à l’imperfection.
En tant que maman TDAH :
- J’apprends tranquillement à accepter cette imperfection et à voir les choses une étape à la fois.
- J’apprends aussi à installer une routine et à me donner des moyens pour ne rien oublier.
- Je prépare les choses d’avance pour ne pas stresser quand arrive le moment crucial.
- J’utilise les pictogrammes pour la routine des enfants et du même coup, elle est claire et visuelle pour moi aussi.
- Je prends le temps tous les soirs de mettre à jour mon agenda papier parce que c’est beaucoup plus concret qu’un agenda électronique.
- J’ai aussi appris à communiquer avec mon conjoint et lui partager toutes mes angoisses et mes pensées afin qu’il puisse me seconder dans mes tâches et me rattraper quand j’oublie quelque chose.
Mes enfants ont aujourd’hui 5 ans et 16 mois. Il m’arrive encore de m’impatienter pour un rien, mais je m’en rends compte et je rattrape le coup rapidement. Il m’arrive aussi d’oublier de leur brosser les dents ou qu’on est le jour du bain, mais j’ai la chance d’avoir papa pour pallier ces oublis. Alors, au travers de tout ça, la vie avance et comme elle est bien faite, on réussit à s’adapter.
Merci pour ce témoignage qui permet de prendre conscience des difficultés des petits et des grands. Je file l’ajouter dans mon article sur le TDA et le partager. 🙂
Bon week-end
Petite plaisanterie de mon curseur qui avait gardé copie de mon partage, voilà mon billet : https://cultitalents.blogspot.fr/2016/12/tda-h-identifier-accompagner.html
Bonne soirée !
Super. Merci beaucoup! 🙂 Nous avons plusieurs articles très intéressants sur le sujet: http://mamansavecopinions.com/?s=tdah&x=0&y=0.
Bonjour, puis-je partager votre article sur ce blog ? https://handicapetscolariteblogdesaccompagnants.wordpress.com/
Évidemment. 🙂 Nous avons plusieurs articles sur le sujet: http://mamansavecopinions.com/?s=tdah&x=0&y=0.
Et une maman TDAH qui a un enfant TDAH, on fait comment ?
Je dois lui instaurer des routines mais je suis incapable de les respecter plus de 2 jours. Ma maison comme ma tête sont un champ de bataille. Je souffre et mon fils aussi. Je ne vois pas de solution. Le papa n’est pas pour la médication…
On fait exactement comme je fais. On prend le temps d’analyser le tout, de respirer un peu, de penser sans être prise dans nos émotions, etc. J’ai d’ailleurs écrit de nombreux articles sur notre TDAH à ma fille et moi.
Merci pour votre réponse. C’est avec plaisir que je découvre votre blog. Je crois que ça va me faire du bien de lire tout ça. J’étais complètement dans l’émotion quand je vous ai écrit, désemparée. Il y a certains jours où c’est drôle comme vie,mais certains autres où ça l’est beaucoup moins…. 🙁
Je comprends parfaitement Marie-Laure. C’est un peu notre bête noire le trop-plein émotionnel.
Je t’invite particulièrement à lire cet article sur ma petite histoire: http://mamansavecopinions.com/2017/01/12/moi-tdah-famille.
Bonjour,
Ma fille est tda sans H.
Je trouve que son quotidien est très difficile.
J’ ai la conviction que les parents doivent aider les enfants. Si j’ étais tda je sentirait coupable de ne pas pouvoir aider ma fille.
Mon mari est tda et il m’ a confié la éducation des enfants car c’ est ce qu il y a de mieux pour eux.
Pour mon mari c’ est une véritable souffrance d’ être tda et ça n’ a rien de drôle comme l’ indique cet article. Avoir un handicap n’ est pas drôle du tout.
Bonjour Eva, je ne crois pas que l’autrice, qui est elle-même TDAH, avait l’intention de rire des autres, mais bien de dédramatiser son quotidien à elle. Je vous souhaite bonne chance avec votre maux, et courage, je vous confirme qu’on peut avoir un TDA ou un TDAH et être là pour nos enfants… avec un peu de patience et de travail personnel. Courage! xx