Je suis un dinosaure… Et je me porte bien.

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Je suis de celles qui achètent toujours des disques compacts en magasin.

Je n’ai pas de lecteur MP3, ni de iPod ou autre invention de ce genre. Je n’ai plus de discman non plus, ni même de walkman, pour ceux qui s’y connaissent (même si celui-ci a longtemps fait partie de mon existence)... J’ai un système de son avec lecteur de disque compact, radio AM/FM, que j’ai sauvé in extremis des poubelles lors du déménagement de mon frère et de sa copine. Et je l’utilise presque tous les jours!

J’ai un immense ordinateur de bureau, somme toute assez récent (et acheté par choix) ainsi qu’un vieil ordinateur portable, semi en vie qui a fait la guerre de l’université, et qui me sert parfois de «backup» pour certains projets ou pour le stockage de mes millions de photos de famille. Il repose sous mon lit, entre la poussière s’accumulant au sol et le vieux sac de chips qu’on a oublié de jeter.

J’ai un appareil photo immense accroché au cou en permanence, ou presque, et j’ai même une caméra vidéo que je sors de l’oubli une fois tous les 4 ans.

Mon conjoint possède une tablette et, mis à part l’application de Pinterest, ou encore pour aller fouiner dans la vie des autres sur Facebook (my bad…), je suis certaine que cet écran n’est pas un besoin, mais plutôt un caprice. Encore une fois, cette tablette passe plus de temps avec mon amoureux que moi-même. Dois-je entamer ce dur combat?

Je ne possède pas de cellulaire. On peut me joindre à la maison et au bureau; entre les deux, impossible.

cellulaire

J’ai déjà apprivoisé la bête suprême, le cellulaire, pas l’intelligent là, l’innocent. Je mentirais en vous disant que j’ai toujours détesté cet outil qui accapare votre vie tout entière. En effet, moi aussi, j’ai déjà été jeune et fringante. Je voulais être in, faire comme tout le monde, être à la mode. J’ai moi aussi supplié mes parents pour obtenir le précieux objet! J’ai donc été possédée par un cellulaire du secondaire à l’université, jusqu’au jour où…

Un soir de semaine, à ma sortie de l’école, j’étais tranquillement coin Berri et Ste-Catherine à attendre mon amoureux et c’est là que j’ai eu l’illumination. Sans farce, je regardais les flocons tomber du ciel tout en respirant le bon air frais du centre-ville de Montréal (un peu de sarcasme ici) quand, rapidement, mon attention a été attirée par un phénomène encore plus spectaculaire : les robots circulant sur la chaussée, les yeux machinalement rivés à leur écran machiavélique de téléphone portable. Pas une, pas deux ou trois personnes, NON, TOUT LE MONDE, sans exception. C’est à cet instant précis que j’ai compris qu’on était envahi par un monstre dangereux. J’exagère à peine. Après réflexion, je me rendais bien compte que, moi aussi, plus souvent qu’à mon tour, je sillonnais les corridors de l’université hypnotisée par cette lumière. Je marchais dans les rues de la grande ville sans voir les paysages tout autour, et sans plus jamais adresser un sourire à un passant croisé sur ma route.

Ok, j’avais mon foutu contrat de 3 ans à terminer avant de me débarrasser de cette chose qui pourrissait ma vie sociale, disons-le ainsi, mais ma décision était prise. Je n’étais pas trop du type «texteuse» compulsive, et je suis heureuse d’avoir tout arrêté avant de devenir cette femme qui pitonne plus vite que son ombre sur un miniclavier qui prône les fautes d’orthographe et massacre la langue française à coups de poing dans la gueule et d’accents manquants sur les E. Vous me direz que Facebook est aussi un vice en ce sens, mais que voulez-vous, une bataille à la fois. Je devrais pouvoir y arriver un jour. Je me suis branchée sur le téléphone fixe à la maison et ensuite, bye bye le cellulaire! Je ne désirais plus être à la portée de tous en tout temps, je voulais la paix. Avoir le plaisir de jouir de ma vie sans être dérangée en faisant l’épicerie, ou encore durant une balade en famille. Je désirais le luxe de décider avec qui et surtout quand je voulais discuter. Je voulais choisir mes communications. Il est ici nullement question d’amour ou de haine. J’adore ma famille, mes parents, mes amis, mais je prône de saines habitudes de vie et pour moi, le téléphone cellulaire était synonyme de dépendance. Tout comme j’ai stoppé la cigarette il y a de nombreuses années, j’ai aussi cessé ma consommation d’ondes néfastes et de conversations inutiles.

amis-a-table

Pour en revenir à cette bête maudite, le cellulaire, sachez que je suis bien avec mon choix. Pour ce qui est de mes proches, on repassera. J’ai souvent des reproches à l’effet qu’on soit incapable de me joindre à un moment précis pour une urgence, qui n’en est pas vraiment une.  Avoir tout à portée de main, en un seul clic, un unique appel.  Plus besoin de réfléchir, on traîne maintenant notre cerveau dans notre poche arrière ou bien encore dans le fin fond de notre sacoche. Pourquoi aller à l’école si aujourd’hui tout le monde a un téléphone intelligent pour répondre à sa place?

Je suis tout de même en accord avec certaines utilisations du téléphone mobile, surtout en ce qui a trait à la sécurité et aux véritables urgences. Lorsque j’étais enceinte de mon deuxième enfant et que ma vie était dépourvue de cet appareil technologique, je me souviens que mon conjoint était vraiment inquiet de me laisser seule, surtout en fin de grossesse. Il faut dire que j’ai travaillé jusqu’à la toute fin, soit près d’une semaine avant la naissance précipitée de l’enfant du milieu, à 39 semaines. Angoisse inutile quand tu nous tiens! J’ai finalement accouché par un beau dimanche matin ensoleillé, en endurant mes contractions durant plus d’une heure à la maison pendant que ma princesse numéro 1 dégustait ses céréales matinales.

Mais laissez-moi vous raconter la fois où vraiment, mais VRAIMENT je me suis ennuyée de mon cellulaire comme de ma mère lorsque mes enfants m’en font voir de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel! Par une belle température hivernale de -30 degrés sous zéro (sans farce là), sous une tempête de neige exagérée où l’accumulation au sol est plus grande que la quantité d’eau chaude que je mets dans mon bain pour me relaxer les dimanches soirs, mon VUS décide de rouler sur une motte de glace brune plus que dure et mon pneu éclate en trois secondes sans préavis. Pas de cellulaire. Je dois aller chercher mes 3 enfants à la garderie. Je fais quoi? Des S.O.S. sur le bord du chemin avec mes bras qui se balancent à gauche et à droite. Laissez-moi vous dire que ce n’est pas si efficace. Les voitures continuaient leur chemin à vive allure, sans daigner me regarder, pas même du coin de l’œil.

Changer mon pneu était le moindre de mes soucis, je suis quand même la femme d’un mécano, je suis capable d’en prendre… Ma priorité était plutôt de joindre mon amoureux pour qu’il se dépêche à aller chercher les enfants à l’école et à la garderie pour éviter les frais faramineux de retard imposés minute par minute.

À ce moment, je me suis rendu compte que les gens se foutent pas mal de ce qui se passe autour d’eux et qu’ils sont centrés sur leur petit nombril. Au bout de longues minutes, deux jeunes sont venus à mon secours. J’ai rejoint mon homme. Pneu de secours en place, j’ai pu regagner mon domicile avec pas moins de 1h30 de retard sur ma routine. Pétrifiée par le froid, les cuisses rouge écarlate, j’ai sauté dans un bon bain chaud pour me remettre les idées en place. Ce n’était pas ma première expérience de crevaison sans moyen de communication. La dernière fois, une histoire semblable se répétait, sans la neige, mais en y ajoutant deux enfants à l’arrière…

Mis à part quelques incidents qui n’arrivent que très rarement, je vis bien avec cela, je suis heureuse de mon choix de ne plus avoir recours à un appareil cellulaire.  Pas que sois totalement contre, mais lorsque je vois des couples au restaurant qui se regardent à peine et qui ne font que fixer leur écran, cela me désole. Pire encore, en pleine réunion familiale, durant les Fêtes, il n’est pas rare qu’une cousine ou le beau-frère de l’autre s’isole dans un coin pour « zieuter les Internets » ou pour texter durant toute la soirée. Ça manque un peu de classe. Sans parler de ceux qui ont la fâcheuse manie de prendre mille et une photos de tout et de rien pour les partager illico sur les réseaux sociaux avec leur téléphone. J’ai un peu de difficulté avec tout cela, je suis encore au stade de faire des albums photos pour conserver tous ces souvenirs. Je suis peut-être trop vieux jeu…?

Pour ma part, j’ai décidé d’avoir le choix dans cette sphère de ma vie. Choisir de me connecter ou non au monde extérieur. Discuter quand je suis disponible et quand cela me tente vraiment. Il n’est pas rare que je ne réponde même pas au téléphone à la maison. Laissez-moi un message, je suis occupée. Ma priorité est et restera toujours ma famille. Je n’ai pas ce besoin automatique de scruter mon téléphone à tout moment, je choisis de m’ennuyer quelquefois dans une salle d’attente et de regarder les dépliants de 2010. Ou encore de manger en tête à tête avec moi-même sur l’heure du lunch. Ne pas avoir de téléphone portable n’a pas été un sacrifice pour moi, et comme je l’ai déjà lu quelque part, les avantages et la nécessité d’avoir un téléphone cellulaire ne sont en fait que des illusions.

En 2013, les Québécois passaient près d’une heure par jour devant leur écran de téléphone et je suis prête à mettre ma main au feu que depuis ce temps, la moyenne d’heure par jour a grimpé en flèche avec l’arrivée de tous ces nouveaux modèles de téléphones intelligents. Aux États-Unis, on parle de 4,7 heures par jour. C’est incroyable! Moyen de distraction ou pas, c’est un pensez-y bien.

Combien d’accidents par jour mettent en cause l’appareil maudit? Remettez votre vie en perspective avec l’idée d’abandonner votre moyen de communication primaire. Du moins, tentez de réduire votre utilisation pour ainsi jouir de la vie et avoir une vie sociale. Il existe un juste milieu. Comme on le dira si bien, la modération a bien meilleur goût. Les résolutions sont faites pour être réfléchies et faire de bons choix. Bonne année 2017 à vous!

Crédit photo : Ubergizmo (photo 1) et National Post (photo 2)

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