Lâcher prise et faire confiance
Vous souvenez-vous de cette époque, pas si lointaine, où nous (aujourd’hui dans la trentaine ou plus) partions jouer avec nos amis, voisins, frères et sœurs, au parc, dans le boisé du coin ou tout autre endroit, la plupart du temps inconnu de nos parents? Cette époque où ces mêmes parents ne comptaient pratiquement que sur nos estomacs pour nous ramener à la maison?
Pour ma part, j’ai des souvenirs impérissables de cette époque. Jamais je n’aurais cru que mes propres enfants seraient privés de tels souvenirs. Parce que la société dans laquelle on vit aujourd’hui nous fait peur, parce que nous croyons que le monde est malade, plus qu’avant… Mais en fait j’ai l’impression qu’il n’en est rien, nous en sommes plus conscients tout simplement par l’affluence des médias sociaux et de la nouvelle instantanée. Alors voilà, au final nous avons décidé, mon conjoint et moi, que nos enfants n’en seraient pas complètement privés. Nous avons décidé de leur faire confiance, et de les laisser se bâtir des souvenirs tout aussi impérissables que les nôtres.
Le début de l’autonomie, ç’a été des petites sorties au parc, à deux ou plus. Nous avons découvert à ce moment-là que le nombre d’enfants à qui ces libertés sont permises est rare. Mais détrompez-vous, ils existent tout de même. Même que de voir d’autres enfants sortir seuls (sans parent) jouer au parc semble encourager d’autres parents, à laisser aller les leurs. Parce que le danger aujourd’hui n’est pas tant de laisser aller les enfants jouer au parc, c’est de réaliser à quel point ces parcs ont été désertés avec les années puisque les enfants n’y vont que lorsque leurs parents en ont le temps. On va se l’avouer, de savoir nos enfants en groupe est beaucoup plus rassurant que de les savoir seuls non?
C’est vrai, la chose nous fait vivre des émotions. Le fait de voir nos enfants prendre de l’autonomie provoque parfois une certaine dose de déni et aussi d’inquiétudes, ça je ne le cache pas. Lorsqu’ils sont en retard de 3 minutes et quart, je suis déjà en train de jongler avec l’idée d’aller les chercher moi-même ou de les attendre encore 3 minutes en angoissant. Finalement presque chaque fois ils arrivent au cours de ces 3 autres minutes et je me trouve ridicule jusqu’à la fois d’après où je recommence. Parce que c’est bien beau de mettre une montre au poignet de son enfant, mais toujours faut-il qu’il la regarde de temps en temps pour se rendre compte qu’il doit revenir à la maison!
Je finirai en vous disant que si vous angoissez parce que vous ne savez pas trop ce qu’ils font au parc, ce n’est pas grave. Ils ne font rien d’autre que d’avoir du plaisir avec leurs amis sans s’astreindre aux restrictions parfois bien inutiles qu’engendre la présence de ceux qui les ont engendrés eux.
Crédit photo : Marie-Claude pour Mamans avec opinions