Le lien d’attachement

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Le lien d’attachement maternel : une émotion très puissante
par Amélie

 

Suis-je normale?

J’ai toujours cru que lorsque j’aurais un bébé, ce serait l’amour instantané entre nous deux. Que dès que l’on sait qu’un petit être pousse en soi, on ferait tout pour lui. En discutant avec des mamans, je ne voyais que le bonheur que leur apportait leur enfant malgré les nuits blanches et les virus à répétition.

Ça semblait magique, naturel, évident.

Durant ma première grossesse, ma grand-mère me faisait souvent remarquer que je mettais une main protectrice devant mon ventre. Comme pour le protéger. Pour m’assurer de sentir chaque petit coup de pied. Ou pour m’aider à réaliser qu’il y avait bien un petit bébé en formation dans ce mini ventre qui tardait à vouloir pousser. Ma fille est née prématurément. Oh, rien de bien grave, quelques semaines tout au plus, mais assez pour me surprendre. Comme mon couple n’était vraiment pas fort à ce moment-là, j’ai vécu sa naissance seule, comme une grande. Elle est née à 18 h 30. Nous avons donc tout de suite été dans un tourbillon de visites. Ce n’est que vers minuit que me suis retrouvée seule en tête-à-tête avec ma fille. Je me souviens de l’avoir regardé en me demandant si je venais de faire la plus grosse bêtise de ma vie… Mais, en même temps, j’avais ce sentiment à l’intérieur si nouveau, si incertain, mais réellement présent, de fierté, de bonheur et d’amour inconditionnel.

Malheureusement, les premiers mois de ma fille furent remplis d’hospitalisations et de maladies. Je ne compte plus les séjours, les rencontres avec les nombreux médecins, les départs en salle d’opération. Chaque fois, j’avais tellement mal à l’intérieur; comme si on m’enlevait une partie de moi, un prolongement de moi. J’ai réalisé que pour ma fille, je serais prête à tout. Même en étant maman monoparentale, je lui dédiais chacune de mes minutes, même lorsque j’étais au bord de l’épuisement, que dis-je, complètement épuisée. J’étais maman. SA maman. Elle était toute ma vie.

Quand je suis tombée enceinte de ma deuxième, je croyais à tort tout connaître des secrets de la maternité. Je laissais donc la lecture des livres et le côté émerveillement à mon conjoint. Lui, il vivait pour la première fois cette merveilleuse expérience et, honnêtement, il était vraiment intéressé et impliqué. Malheureusement, moi, j’avais encore une petite puce malade. La journée de ses deux ans, on nous a annoncé qu’elle devait subir une opération majeure, car autrement, nous pouvions la perdre. J’étais alors à 9 semaines de grossesses. À partir de cet instant, mon énergie était mise seulement sur ma cocotte. J’oubliais fréquemment que j’étais enceinte. De toute façon, le papa était présent pour deux. Il a fait la chambre, pris les rendez-vous, acheté la poussette… Et surtout, il était très présent pour ma grande. Ma puce est restée plusieurs mois à l’hôpital. Je ne la quittais que pour mes suivis de grossesse. Pour mal faire, j’avais une deuxième grossesse à risque, donc c’était chaque semaine. Et s’est ajouté le problème de croissance… Bref, tout me dérangeait. J’avais l’impression que ce bébé pas encore né cherchait de l’attention. La neurologue de ma grande nous a donné congé environ un mois avant ma date prévue d’accouchement. Nous devions tout de même aller à l’hôpital aux deux jours. Ma fille avait des gavages que je devais changer aux deux heures. Je l’avoue, je maudissais cette grossesse qui me drainait toute l’énergie que je devais mettre sur ma fille qui en avait tellement besoin.

L’accouchement fut très rapide. Mon conjoint était en amour avec cette petite blondinette aux yeux terriblement bleus. Moi, je la trouvais aussi magnifique et délicate. Deux heures après sa naissance, le bébé s’est mis à pleurer de façon continue… Elle pleurait tellement. Il n’y avait rien à faire. À ce moment-là, je me souviens d’avoir pensé : « Mais qu’est-ce que j’ai fait!? Pourquoi j’ai fait ça!? Ma grande a besoin de repos. De calme. Maintenant j’ajoute un bébé… et un bébé difficile en plus!!!! »

Les visiteurs se succédaient et l’avantage était que tout le monde essayait de consoler le bébé irritable. À 24 heures de vie, la cocotte a fait un arrêt respiratoire. Comme ça, sans avertissement. Devant toute la visite. J’entendais les infirmières dire : « Respire bébé, respire… » Moi, j’étais loin. Impuissante. Elle a été transférée aux soins intensifs. Mon conjoint insistait pour qu’on la suive. Moi, je refusais. Un sentiment de déjà-vu s’installait en moi en même temps que la certitude que ce que j’avais fait pour ma grande m’avait complètement brûlée et que je ne serais jamais capable de refaire tout cela avec un autre enfant. J’étais incapable de la voir branchée, cette petite cocotte. Ça me faisait tellement mal. Le seul temps où j’approchais de l’incubateur était quand on me demandait de la nourrir. Pas trop longtemps. Pas trop souvent de peur que le bébé désature à nouveau.

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Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal et la puce est sortie aussi rapidement des soins intensifs qu’elle y était entrée. Nous avons eu notre congé avec un passeport pour des prises de sang régulières aux CLSC. Bien oui, mademoiselle avait décidé d’avoir une jaunisse sur un long terme. Décidément, elle faisait tout pour attirer l’attention. Bébé irritable qui pleure tout le temps et qui ne dort jamais. Par chance, papa était à la maison les 6 premières semaines, sinon je ne sais pas comment j’aurais survécu. La journée du retour au travail de mon conjoint, bébé a fait un deuxième arrêt respiratoire. Cependant, cette fois, j’étais seule à la maison. Avec mes deux filles! Très rapidement, les ambulanciers sont arrivés et ont pris en charge mon bébé. Déjà, en lui faisant le bouche-à-bouche, je lui avais sauvé la vie. C’est ce que les ambulanciers m’ont dit.

J’étais loin de me douter que ce matin-là, ma fille allait m’envoyer le message d’une vie. Un signal d’alarme disant : « Youhou maman! Moi aussi je suis ton enfant et j’ai besoin de toi. Pas juste de ton lait; de ton amour et de tes bras rassurants aussi. » Je le regrette amèrement… et j’ai honte… mais il a fallu ce tragique événement pour que je réalise que toutes les larmes que j’ai versées depuis que j’avais appris la présence de ce petit être en moi étaient des larmes d’attachement. Bien au fond de moi, il y avait la blessure de mon premier bébé et ses hospitalisations qui me terrorisaient. Je croyais à tort que je refusais de m’attacher à ma deuxième. Peut-être que si je l’ignorais, ça me ferait moins mal s’il lui arrivait quelque chose… Mon erreur. Un lien d’attachement, ça pousse, ça se construit… mais ça ne se contrôle pas. On ne peut pas décider de l’avoir ou non. Et parfois, on l’a sans même le savoir.

Ce jour-là, ma vie a changé. Mon attention était divisée entre deux enfants. MES enfants. J’ai appris à déléguer. J’ai appris que ma grande avait un grand réseau d’amis et de famille qui était prêt à l’aider. À m’aider. J’ai surtout réalisé qu’une maman, ça peut se tromper. Que ce n’est pas infaillible et que tous les jours, ça grandit, ça apprend et ça accumule du bagage de maman.

Pas besoin de vous décrire ma troisième grossesse ni la naissance de ma troisième merveille. J’avais payé à la dure la dernière fois. Rien ne me faisait peur. Je savais qu’en laissant faire le temps, je tomberais totalement, follement amoureuse de cette autre petite fille au point que je donnerais ma vie pour elle. Je crois que mon attitude a probablement aidé… Ou bien, c’est le moment où cette petite puce est arrivée dans notre vie qui était favorable pour moi. Je ne cherche plus de raison… Cependant, sachez que l’attachement se vit également de façon différente pour chaque parent et chaque enfant. Pour notre petite dernière, c’est mon conjoint qui a trouvé cela difficile. Est-ce parce qu’il venait de perdre son père et que mini était sa copie conforme? Est-ce parce qu’elle est arrivée dans un moment où il se remettait en question? Va savoir! Mais je sais que ce n’est pas important. Un jour ou l’autre, on réalise que l’attachement est là… tout simplement… sans qu’on l’ait vu venir.

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Apprendre à se connaître et à s’apprivoiser, ça prend parfois du temps, de l’énergie et de la patience. Mais ne doutez jamais de l’amour qui se cache à l’intérieur de vous…

Et vous? Avez-vous ressenti immédiatement votre lien d’attachement? Est-ce que ça a pris du temps?

Racontez-moi!

Crédit photos : Amélie pour Mamans avec opinions

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Moi, c'est Amélie, maman de trois petites filles “avec opinions” : Audrey Jade (juin 2006), Lexane (janvier 2009) et Anaïk (juin 2011). Nous sommes une famille très unie et adorons faire des activités ensemble : patin, ski, vélo, natation, soccer, danse, tennis, sorties au resto, cinéma, spectacles... bref, les idées ne manquent pas et nos fins de semaine sont très remplies. Collaboratrice depuis mars 2016.

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