Emmenez-en du trafic!
par Amélie
Les premières fois
Il y a des moments dans la vie de jeune parent où on se sent impuissant. Les premières coliques, par exemple, ou lors du perçage des dents. Moi, la première fois que j’ai réalisé cette impuissance fut lors de ma première sortie en voiture seule avec ma fille. J’ai détesté! Poupoune était malade, régurgitait et hurlait. Mon air conditionné était brisé et il devait faire +1000 degrés dans la voiture, en pleine heure de pointe sur l’autoroute Décarie. Ma fille avait à ce moment-là pas plus d’une semaine. Moi qui adorais conduire, j’en suis venue à planifier les trajets et les sorties en voiture en fonction du trafic, de la température, des heures de repas et des dodos de bébé, de sorte que ça devenait une vraie expédition sur mars, juste aller chercher une pinte de lait à l’épicerie. Mais qui peut réellement planifier le trafic? Et avec les fameuses poussées de croissance et les accidents, les dents et les travaux, j’en suis venue à la conclusion que je n’y arriverais jamais.
L’expérience qui rentre
Par la suite, quand ma puce a grandi, ce fut une autre étape. Après plusieurs trajets frustrants, je me suis constitué une provision digne de la fin du monde de suces et de collations. J’étais prête pour toutes les occasions : des kleenex au sac à vomi en passant par les couches et petites culottes de rechange; bref, la voiture était une deuxième maison d’urgence. C’est ça un bambin: ça ne voyage pas léger! J’avais aussi une panoplie de jeux pour divertir ma cocotte du genre : “Elle est où la vache” ou “La première qui trouve la voiture verte ou un panneau jaune”, etc. Aussi, je me suis munie d’un CD de musique pour enfants (bien oui! Celui du genre qui rend heureux les enfants et dingue les parents), des crayons et livres à colorier. Après de multiples “J’ai faim” et “J’ai envie de pipi”, j’ai dû en chanter des chansons et répondre à des tonnes de “Pourquoi?”, ramasser des suces et des bols de céréales renversés, redonner des millions de fois le toutou et la doudou… Bref : la joie!
Nouveaux défis
Cependant, ma fille a encore grandi; elle est maintenant rendue à ce merveilleux âge de la préadolescence : 10 ans. Je sais, c’est tôt, mais semble-t-il que je dois m’y faire! Les discussions avec elle ne sont pas toujours évidentes, symptôme typique de cette phase, semble-t-il. En voiture, maintenant, c’est plus du genre : “Est-ce qu’on est arrivés? Change de poste! Mets le CD! C’est long…” Et ça, c’est quand elle n’a pas son fameux iPod dans les oreilles et qu’elle chante à tue-tête par-dessus le son de la radio! Bref : toujours aussi frustrant. Comme ma fille souffre d’une maladie chronique, nous avons plusieurs rendez-vous par semaine. Vraiment agréable tous ces voyages en voiture seule avec ma préado! Mais j’ai décidé de changer ça. Exit le iPod et les chialeries : on jase!
J’adore la relation privilégiée que crée le fait d’être confinées ensemble dans la voiture. Aucune possibilité pour l’une ou l’autre de fuir la discussion. C’est un moment pour échanger, raconter notre semaine, parler de ses amis, de ses travaux scolaires, mais surtout, de choses qui la préoccupent : la guerre, la fin du monde, les pédophiles… Je n’avais jamais eu de conversations profondes avec ma fille sur des sujets d’actualité. En montant le son de la radio, je l’ai bien malgré moi exposée à la réalité du monde adulte. Mais ma fille en connaissait déjà pas mal sur le sujet. Les discussions de cour d’école sans doute, mais j’étais heureuse d’être prise au piège, de ne pas pouvoir me trouver de défaite pour aborder certains sujets. Surtout, de pouvoir lui expliquer dans mes mots la réalité et la dureté des propos retrouvés dans les bulletins de nouvelles. Au fil du temps, je réalise que ma petite cocotte s’intéresse à ce qui se passe dans les autres pays, la condition féminine, la maltraitance des enfants, les multinationales et les sables bitumineux. Certes, je n’ai pas toujours réponse à ses questions, mais je peux la guider dans ses recherches. Et le plaisir que nous avons à défendre nos opinions et échanger restera dans mes meilleurs souvenirs. Oui, oui, même la fois où nous avons discuté de menstruation… surtout cette fois-là!
Dernièrement, j’ai réalisé que le moment que j’appréciais le plus dans ma semaine, c’était le retour à la maison dans le trafic avec ma puce après ses rendez-vous. Dans une famille de trois enfants aussi active que la mienne, je crois avoir trouvé un moment où il est possible de joindre cette obligation pas tellement intéressante en une rencontre appréciée et attendue. Comme quoi les enfants changent, les voyages en voiture aussi, et c’est parfait ainsi!
Chez vous, comment se passent les balades en voiture?
Voici un inventaire des trucs essentiels à avoir dans la voiture selon mon expérience de maman:
- Suces, toutou, doudou (bref, ce qui rassure l’enfant);
- Couches, serviettes humides et petite culotte (un accident est vite arrivé);
- Mouchoirs;
- Sacs en plastique (plusieurs utilités!);
- Collations (plein, plein, plein!);
- Crayons, papier, cahiers à colorier (pour divertir);
- Un biberon ou gobelet (au cas où!);
- Vêtements de rechange (selon l’âge et la durée du trajet).
Crédit photo : Mamans avec opinions
Tu as une bien belle plume! Félicitations pour le premier d’une longue série! Bravo Amelie!