10 semaines… 10 semaines depuis le début des mesures qu’on prenait à la légère au début. Tu es tanné d’être enfermé avec le beau temps qui s’amène? Moi, travaillant dans un domaine essentiel, j’ai peur d’aller travailler.
Le travail essentiel et la vie familiale
L’emploi stable que mon conjoint et moi pensions avoir enfin trouvé après plusieurs années d’expérience n’existe plus. Un nouvel horaire de nuit pour lui qui travaille à l’hôpital, a fait de nos journées de véritables marathons. Je me retrouve seule avec notre fille jusqu’à ce que j’aille le réveiller pour qu’il prenne la relève une fois mon tour venu. Notre lit king est trop grand, trop froid, sans mon homme à mes côtés jusqu’à la fin de cette bataille qui semble sans fin. Nos «je t’aime» se sont transformés en «fais attention à toi». Je me sens mal d’aller travailler. Mon environnement est sécuritaire, mais tout le monde le sait, le risque zéro est nul. J’ai peur de ramener le monstre à couronne invisible avec moi et de le transmettre à ceux que j’aime. J’ai peur de souffrir, de les voir souffrir et d’avoir cela sur la conscience. Parce qu’on va se le dire, notre princesse de 2 ans, on continue de la câliner, elle ne comprendrait pas pourquoi nous ne le ferions plus. C’est un des seuls petits bonheurs qu’il nous reste. Heureusement, son innocence la protège de la noirceur et je l’envie pour ça.
Le travail essentiel et l’ambiance qui y règne
Les corridors sont silencieux. On se demande «ça va?» par habitude, mais on ne se donne plus de réponse… Non, ça ne va pas, on le sait tous. Je dois, toutefois, lever mon chapeau aux supérieurs qui sont à l’écoute de chacune de nos préoccupations. Qui sont proactifs dans leurs solutions malgré la «routine» : nouveaux protocoles, nouvelles procédures, nouvelles directives, etc. Ils ont la sécurité de leurs employés à cœur, ça se sent. On a tout de même l’impression d’être sur le Titanic quand il frappe l’iceberg. Certains vont survivre, d’autres vont mourir, sauf que cette fois, les femmes et les enfants ne seront pas épargnés.
Le travail essentiel…après?
Je suis contente d’avoir un emploi aux services sociaux. J’ai vu sa valeur et son importance dans les dernières semaines et je sais qu’ils demeureront. Je me demande à quoi ressemblera l’après-pandémie de la Covid-19. Une autre question se pose: ce sera quand? J’ai l’impression que bien des choses vont changer. Que le monde qui m’a vu naître ne sera plus le même. Dans tous les cas, j’espère qu’on s’améliorera. Qu’on retrouvera le plaisir dans les choses simples et qu’on prendra le temps de s’arrêter et d’en profiter, même si le monde se remet à tourner.
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Révision: Caroline Robert