J’ai commencé à devenir obsédée par la perfection en matière d’éducation alors que P’tite goutte venait à peine de rejoindre mon utérus. Dès lors, je suivais chaque jour son développement par le biais d’un site Internet qui parlait de grossesse. Un matin, j’y ai lu que je devais prendre des multi vitamines, j’en ai pris. Un autre matin, on me proposait des cours prénataux, je m’y suis inscrite… Ensuite, P’tite goutte a vu le jour et à l’hôpital, on m’a donné le petit livre « Bien vivre avec son enfant ». Il était petit, imprimé en noir et blanc, rien de glamour. Le jugeant insuffisant, j’ai acheté le livre « Votre bébé, un jour à la fois ». Quotidiennement, pendant les premiers 365 jours de vie de mon bébé, on me disait ce que je devais faire, quel progrès il pouvait réaliser, à quelle étape il aurait dû être rendu… J’angoissais!
Mon premier enfant a parlé à 9 mois, a marché à 19 mois (oui, oui!) et a été propre à deux ans et demi. La nuit, avec le moniteur sur ma table de chevet, quand il gémissait, je courais lui redonner sa suce. Parfois dix fois par nuit! Je faisais ses purées, son yogourt maison. Quand il tombait d’une petite marche, je courais, je le consolais et comme il est dit dans le livre, je surveillais les signes de commotion. Puis, à ma deuxième, j’ai éteint le moniteur et je lui ai foutu une dizaine de suces dans son lit pour la nuit. Elle finissait toujours par en trouver une. Je lui ai fait quelques purées et, les yogourts, je les ai toujours achetés. Lorsqu’elle tombait de la marche séparant le salon de la cuisine et qu’elle semblait s’être fait mal, je lui criais: « Frotte ma puce », et ça passait…. Résultats: mon plus vieux déteste le yogourt, ma plus jeune passe facilement à autre chose après une blessure. Un est plus fort à l’école, l’autre est plus fort dans les sports. Les deux magasinent leur cégep, fréquentent l’école de conduite et ont des boutons dans le front! Ils ont les mêmes objectifs mais s’y prennent différemment pour les atteindre. Et je peux te confirmer qu’à quarante ans, les deux seront des adultes responsables.
C’est lourd de tout écouter ce qu’on nous dit. Si ça peut t’aider à ne pas crouler sous les bonnes façons de faire qui sont dictées dans les livres sur l’éducation, je te partage quelques conseils pour relativiser, pour utiliser ton gros bon sens à toi et écouter ta petite voix. Je les ai reçus, parfois sur le tard, mais ils m’ont grandement servi.
1- Conseil de mon pédiatre
Il est arrivé que je consulte en urgence, dans une clinique sans rendez-vous, avec mes enfants, parfois pour un gros rhume ou une crise d’asthme, parfois pour une otite ou une bronchite. Je revenais à la maison, antibiotiques et autres médicaments en main. Douze ou vingt-quatre-heures après, le petit n’allait toujours pas mieux. J’appelais à la clinique, on me disait que ça prendrait plus de temps pour voir les symptômes partir. Je me fermais la trappe, j’attendais. Quand, trop inquiète, je finissais par exiger de voir la pédiatre de mes enfants, celle-ci me confirmait parfois que j’avais raison, que le médicament n’était pas adéquat ou que le diagnostic n’était pas juste… Je n’osais jamais me prononcer contre les médecins, ce sont eux les experts de la santé. Mais tu sais ce que mon pédiatre m’a dit une fois? « Moi, je suis juste médecin. Toi, t’es la mère. La poussière de doute qui traîne sur ton cœur, c’est elle qui détient la vérité. C’est ton instinct maternel qui parle. Quand tu entends cette petite voix, tu reviens me voir car ça veut dire que j’ai encore du travail à faire.» Je paraphrase mais en gros, c’était ça son message. Donc au lieu d’aller lire des symptômes sur Internet ou de donner des médicaments qui ne fonctionnent pas comme une automate, sois à l’écoute de ton instinct maternel. C’est ton meilleur guide.
2- Conseil d’une conférencière
Alors que j’assistais à une conférence, il y a quelques années, la conférencière nous avait suggéré une activité pour aider à relativiser. C’est l’activité du worst case scenario. Fais-le, c’est pas facile mais ça fonctionne! Quand tu auras quelques minutes, seule, ferme les yeux et visualise le pire… Vois dans ta tête la pire chose qui pourrait t’arriver. Que vois-tu? Les détails? Imagine les odeurs, les bruits, les cris… Tes réactions, tes sentiments… Affreux? Je sais. Maintenant, sur l’échelle de la pire chose qui puisse t’arriver, ça, c’est un 10/10. À partir de là, quand il t’arrivera que ton petit coule du nez et que ça t’empêche de partir en paix pour le travail, demande-toi ce que le petit rhume représente sur cette même échelle, compte tenu de ton 10/10. Un 3/10? Sors les mouchoirs, mets-lui de la vaseline sur le bord du nez, ça va passer! Passe une belle journée!
3- Conseil d’une amie, mère d’enfants plus âgés
Chaque fois que tu as un doute sur l’impact qu’aura telle ou telle décision sur tes enfants, pose-toi la question suivante : Si je fais ça aujourd’hui, sera-t-il ou elle un moins bon adulte à 40 ans? Pas certaine de comprendre? Ton petit veut se coucher plus tard aujourd’hui parce que les enfants du voisin le font aussi… Mettons que tu déroges de vingt minutes. À 40 ans, ton enfant, devenu adulte, aura-t-il vraiment de mauvaises habitudes de sommeil? Mettons que la grand-mère lui donne une beurrée de Cheez Whiz zéro nutritif et bien trop salé… À 40 ans, sera-t-il nécessairement en carence de vitamines, obèse morbide ou aux prises avec des problèmes de tension artérielle? Tu dors avec ton bébé parfois la nuit? Tu aimes ça, il sent bon mais tu sais que ce n’est pas bien… c’est écrit… Qu’à cela ne tienne, à 40 ans, t’en fais pas, il ne voudra plus dormir avec toi! Et mettons que ce soir, tu es épuisée et que donner les bains se compare à l’ascension de l’Everest… S’il ne se lave pas ce soir, à 40 ans que va-t-il advenir de lui? Cherche la réponse ma belle, cherche fort…
4- Conseil d’une grand-mère qui sait combien les petits moments sont précieux
Entre la rigueur et le laisser-faire, il y a tout un monde. On ne peut pas tout permettre et il faut être ferme, j’en conviens. Mais déroger parfois, ça fait du bien! Alors lors de ton prochain dilemme en matière d’éducation, suis d’abord ton instinct maternel. Toujours pas certaine? Mets les options sur l’échelle du worst case scenario et demande-toi l’impact à 40 ans… Toujours déchirée quant à la bonne chose à faire? Suis le conseil de cette grand-mère : quand tu es prise dans un dilemme, fais des choix de sorte à créer de beaux souvenirs. Par exemple, en vacances, autour du feu dehors… Il est 21h30, le petit commence à cogner des clous mais chaque fois que tu veux aller le coucher, il se réveille et s’obstine… Laisse-le donc s’endormir par terre au pied du feu. Plus tard, il racontera à quel point c’était l’fun l’été de s’endormir un peu partout.
Vois-tu, on est tellement obnubilée par ce besoin de bien faire les choses, par cette possible culpabilité de faire les mauvais choix, par ce que les autres vont penser, qu’on devient anxieuse et ça, ça déteint bien plus négativement sur nos enfants que le souvenir qu’un soir on s’était couché plus tard avec du Cheez Whiz sur le coin de la bouche et que c’était vraiment cool.
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Révision : Mélanie Trudeau