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Bébé, je t’ai accouché, vraiment?

Dès que j’ai vu la croix apparaître sur le test, j’avais des appréhensions face à l’accouchement. Des craintes en fait. Mais je savais également que j’allais vivre une des plus belles journées de ma vie (c’est ce que tout le monde dit, non?). Je me suis préparée, j’ai lu, j’ai suivi des cours prénataux, bref, j’ai bien planifié cette fameuse rencontre avec bébé. Les craintes ont fait place à l’excitation et j’étais positive face à l’accouchement. J’étais.

Crédit photo : Pitt Photographie

Mes 2 deuils…

La grande journée est finalement arrivée. Malheureusement, malgré toutes mes lectures, tous mes cours et des heures de préparation, rien n’y fait, je ne dilate pas. Durant plus de vingt heures, je gagne un petit deux centimètres. Mon corps n’est pas réceptif, je n’arrive pas à créer le passage pour faire sortir mon fils. Premier deuil: j’accepte les médicaments qui pourront aider mon corps à se préparer pour l’accouchement. Sept heures plus tard, je suis prête à pousser, selon les médecins.

Il faut dire que je n’ai pas mangé depuis deux jours, que je n’ai pas dormi et que je suis épuisée et fiévreuse, mais il est temps de mettre un enfant au monde! Durant deux heures, je pousse avec le peu d’énergie qu’il me reste. Les infirmières m’encouragent, mon conjoint me tient la main. Mais les médecins sont de plus en plus nombreux dans la salle, ils sont trois en fait… Avec l’appareil de réanimation et une table des tortures (certaines comprendront…). Entre chaque poussée, c’est le silence. Tout le monde regarde le moniteur, on surveille de cœur du bébé. C’est normal le point d’interrogation? Les médecins chuchotent entre eux. Ce qu’on redoutait, mais envisageait, nous est proposé: césarienne d’urgence. Deuxième deuil.

Les infirmières me préparent en quelques minutes, mais cela me semble des heures. Je sens encore chaque contraction, j’ai envie de pousser, mais maman ne peut pas. Maman ne peut plus, je ne peux plus t’accoucher, mon bébé. J’aurais tant aimé, mais physiquement, je n’y arrive pas. Je suis épuisée, déçue, inquiète, je veux seulement t’avoir dans mes bras en vie. Arrête de pousser, ce n’est pas moi qui va te mettre au monde, mon bébé…

On t’amène à moi lorsque je sors des limbes. Papa a fait du peau à peau avec toi, il paraît que tu lui ressembles beaucoup! J’essaie de t’allaiter, de t’examiner, de te sentir, deux heures en retard. Tu es si beau, et en grande forme! C’était le choix logique pour ta venue au monde, mais… Il y aura ce “mais” qui persiste, et ce, durant plusieurs jours, voire semaines. J’ai accouché? Que ces mots sonnent drôles à mes oreilles! Je t’ai mis au monde? On peut dire cela… Je t’ai fabriqué, ah ça oui par contre! Mais accouché? Pourquoi je n’arrive pas à normaliser ces mots, alors que j’ai vécu un accouchement par césarienne? Au Québec et au Canada, près d’une femme sur quatre accouche par césarienne, dont ma propre mère! Il aura fallu que je vive ce même type d’accouchement pour avoir cette discussion avec elle.

À la naissance de ma sœur, elle avait attendu douze heures avant de voir son bébé. Douze heures à se demander si elle était correcte, douze heures à se sentir nulle et incompétente. Nous en avons parlé longtemps, de ce sentiment d’incompétence. On en parlait alors qu’elle bordait son petit-fils, MON fils, qui est en bonne santé et qui m’épate chaque jour. Se plaindre le ventre plein, qu’on dit?

La césarienne: une grande aventure!

J’ai réalisé la chance que j’ai d’avoir un enfant en santé, d’avoir eu beaucoup de soutien lors de ma sortie d’hôpital et d’avoir récupéré rapidement. Certes, la douleur est encore présente même après trois semaines, mais je vois mon accouchement (oui oui, c’est rendu naturel de le dire ainsi!) comme une péripétie supplémentaire à raconter à mon fils. Alors, pour toutes celles qui ont vécu un accouchement par césarienne, ce n’est que la préface d’une grande aventure et non une finalité!

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Texte révisé par Élaine Sylvestre

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