Je suis nouvellement maman d’une petite puce de 4 mois. J’ai assisté aux cours prénataux, fait des lectures sur ce qu’allait devenir notre vie avec l’arrivée d’un petit bébé et sur les moyens de nourrir notre enfant. Très honnêtement, je me suis sentie mélangée et incertaine face à mon choix, voyant des avantages et des désavantages dans tous les modes. J’ai la chance d’avoir un conjoint très impliqué avec qui j’ai pu partager mes craintes et questionnements. Avec son soutien, j’ai finalement opté pour tenter le coup de l’allaitement. Une amie m’a présenté son tire-lait double et j’y ai vu le côté pratique, alors nous nous en sommes procuré un. J’allais entrer dans une aventure en tentant de me faire le moins d’attentes possible, mais sans me rendre compte d’une immense pression que je me mettais sur les épaules.
J’ai eu une grossesse difficile, j’ai été malade du début à la fin, avec perte de poids, déshydratation, séjours à l’hôpital, diabète avec insuline, pré-éclampsie, etc. L’arrivée de la petite a dû être provoquée et devancée de trois semaines. Tout cela a eu pour impact de retarder ma montée laiteuse, mais ce petit détail ne m’avait jamais été expliqué. À la naissance, notre petit trésor ne respirait pas, le stress de l’accouchement a été intense pour elle et elle était toute petite. Tout ceci a contribué à ce que la mise au sein ne fonctionne pas bien. Ce n’était pas faute d’avoir tout essayé. On a eu beaucoup de soutien à l’hôpital, de l’infirmière du CLSC et même d’une marraine d’allaitement. Nous avons réveillé notre fille toutes les 3 heures pour la faire boire, dans toutes les positions du Mieux-vivre, ainsi que celles présentées lors des cours. Mais, en 4 jours à peine, notre fille a perdu 10% de sa masse corporelle et un soir, elle ne réagissait plus, elle n’avait plus de force et ne voulait pas se réveiller. Nous sommes allés à l’urgence et au moment où elle se faisait ausculter par le médecin, elle s’est réveillée (enfin) en pleurs. Papa et moi, nous nous sommes regardés et avons eu la même idée! On a pensé à la bouteille de préparation maternisée que l’infirmière nous avait laissée, à la sortie de l’hôpital. Et hop! En quelques minutes, elle s’est mise à boire avec appétit. Avec cela, on évitait de la faire gaver ou nourrir par intraveineuse et on se rendait compte du soulagement que cela nous apportait de voir les millilitres s’engloutir.
C’est ainsi que l’option du tire-allaitement est entrée dans ma vie. Avec l’aide d’une conseillère en lactation, j’ai pu démarrer ma « production », qui consiste à un tirage double d’environ 20 minutes aux 3 heures (jour et nuit) avec séances de « power pumping » quotidiennes pendant 6 semaines.
Mes débuts en allaitement
Les premières semaines ont été particulièrement éprouvantes, parce que nous devions réveiller la petite aux trois heures pour ses boires, afin de nous assurer qu’elle reprenne ses forces et suffisamment de poids. En parallèle, je devais aussi tirer mon lait. J’ai beaucoup de chance, car Papa m’a prêté main-forte en donnant le boire à la petite, pendant que j’exprimais mon lait. Voici un aperçu d’un bloc de trois heures : 45 minutes à une heure pour donner le boire (incluant changement de couche, câlins, etc.), 20 minutes pour exprimer le lait, 10 minutes pour nettoyer/stériliser les biberons et la machine, quelques minutes pour la gestion des stocks (congélation, rotation, etc.). Le prochain boire arrive rapidement!
De plus, au tout début, j’avoue avoir ressenti de la déception et de la tristesse de n’avoir pas réussi à allaiter. Je sentais qu’il me manquait ce contact précieux de « nourrir » mon bébé. En toute franchise, j’avoue avoir versé plusieurs larmes. Je me suis permise toutefois des séances de peau à peau qui m’ont fait le plus grand bien!
Il y a eu des journées difficiles, car la fatigue, le stress, le manque d’eau, etc., peuvent influencer notre production à la baisse. On peut vivre les mêmes douleurs aussi qu’une maman qui allaite au sein, car nous ne sommes pas à l’abri des engorgements, mastites, crevasses, ampoules laiteuses, etc. Au fil du temps, j’ai pris de l’assurance et j’ai réussi à trouver mon rythme dans cette aventure.
L’allaitement, au quotidien
C’est un équilibre en constante évolution, car comme je le mentionnais, plusieurs facteurs peuvent influencer la quantité de lait produite. Il faut faire attention de ne pas se mettre de pression avec les quantités. Pour m’aider à valider et surtout pour me rassurer, je note mes séances (durée, quantité, etc.) dans une application gratuite de la compagnie Medela. Cela me permet de suivre l’évolution et d’apporter des modifications au besoin, par exemple d’intégrer des séances de « power pumping » pour augmenter la quantité lorsque la petite vit des poussées de croissance.
Le tire-allaitement comporte aussi des avantages. J’arrive à donner du lait maternel à ma fille, malgré que je n’aie pas pu l’allaiter. Mis à part l’investissement monétaire au niveau du tire-lait, j’économise sur les coûts du lait maternisé. Lorsque j’ai des surplus, je peux faire des réserves au congélateur pour usage futur. Je suis même en processus d’en faire don à la banque de lait maternel d’Héma-Québec, pour les bébés prématurés. Sans oublier que Papa a aussi le plaisir de donner le biberon à notre fille (pratique aussi si on a besoin d’une gardienne).
Méthode méconnue concernant l’allaitement
J’ai croisé une maman dans une salle d’allaitement (où je devais exprimer mon lait, car j’avais plusieurs rendez-vous à l’extérieur de la maison) qui m’a parlé de son expérience personnelle avec sa plus vieille de quatre ans. Elle me disait qu’à son époque (pas si lointaine) personne ne connaissait cette méthode, qu’elle ne portait pas encore de nom. Aujourd’hui, on sent qu’il y a de plus en plus de groupes de soutien (sur les médias sociaux, par exemple) pour les mamans qui utilisent cette option. Toutefois, les sources d’informations plus officielles se font plutôt rares. Il m’arrive de devoir expliquer à des professionnels de la santé ce qu’est le tire-allaitement. Ce serait merveilleux si on donnait plus d’information lors des cours prénataux, par exemple. Cela permettrait sûrement à d’autres parents de trouver des alternatives, en cas de besoin.
Le regard des autres
Il m’est arrivé de recevoir des commentaires sur le fait que je donne un biberon à mon enfant ou encore des remarques que je n’allais pas y arriver « parce que ce n’est qu’une machine, après tout », que je me donnais « bien du trouble », etc. , ce qui m’a fait prendre conscience du jugement des autres. J’ai ressenti beaucoup de peine au début, probablement en partie parce que je ressentais encore mon deuil de l’allaitement traditionnel et que je manquais de confiance dans mon tire-allaitement. Mais avec le temps, j’ai pris de l’assurance et j’arrive maintenant à partager mon expérience personnelle.
De plus, j’ai eu la chance d’être entourée de nouvelles mamans qui vivaient des expériences différentes, avec qui j’ai pu échanger et m’entourer de positif. Elles ont eu aussi leur lot de regards des autres sur la manière dont elles nourrissent leur bébé. Personnellement, je crois que peu importe la manière dont on procède, l’important est que notre petit trésor reçoive ce dont il a besoin pour grandir en santé. Nos réalités sont parfois différentes, mais entre mamans, ne serait-il pas fabuleux que l’on se félicite toutes de faire de notre mieux et de donner le meilleur de nous-mêmes?
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