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Le jour où j’ai perdu MON bébé

Le deuil périnatal ou comment j’ai survécu à ma fausse couche

Mars 2014

Après plusieurs mois d’essai, on les voit enfin, ces deux petites lignes sur le test de grossesse ! On est super content et notre entourage aussi. On va avoir un bébé !

11 avril 2014: le jour où j’ai appris que le cœur de mon bébé ne battait plus…

La veille, j’ai rencontré mon obstétricienne pour la première fois. Comme j’étais vraiment irrégulière avant de tomber enceinte, c’est difficile de déterminer à combien de semaines de grossesse je suis rendue. Elle m’a donc proposé de passer une échographie de datation et nous voilà, l’Amoureux et moi, dans une salle d’échographie d’une clinique privée.

Lorsque le médecin dépose la sonde sur mon ventre, on voit apparaître notre bébé sur l’écran. Quel moment émouvant ! Le médecin ne dit rien, déplace l’appareil, prend des mesures, fait des zoom, «dézoom», met le volume, l’enlève, le remet, «rezoom»… C’est notre première échographie à vie à tous les deux. Alors on ne sait pas que, sur l’écran, on devrait voir notre bébé bouger. On ne sait pas non plus qu’on devrait apercevoir un petit point – son cœur – clignoter. Ni que, lorsque le médecin met le volume, ce n’est pas le silence de mon utérus qu’on devrait entendre, mais le battement du cœur du bébé. Alors, on regarde l’écran les yeux dans l’eau, émus. Puis, le médecin, mal à l’aise, se risque : «Y’a quelque chose qui ne va pas». L’angoisse nous prend, mais on ne dit rien. De mon côté, j’espère qu’il veut dire par là que le bébé n’est pas de la bonne taille, qu’il lui manque un doigt, qu’il a une maladie… Le médecin continue ses manipulations, met le volume, l’enlève, prend des mesures, répète que «quelque chose ne va pas» avant de nous annoncer, finalement, que notre bébé a cessé d’exister…

Je suis en larmes, mais j’essaie d’écouter le médecin. Il nous explique que je suis à 11 semaines de grossesse et que le bébé a 10 semaines. Il est donc mort depuis 1 semaine. Il nous suggère ensuite d’appeler mon médecin dès le lundi pour savoir quoi faire. On est vendredi. La perspective de passer la fin de semaine dans cet état ne m’enchante guère.

À la sortie de la clinique, malgré notre peine immense, il faut bien appeler nos proches pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. Pour faire exprès, ils étaient nombreux à attendre impatiemment de nos nouvelles. Alors on appelle nos parents, les frères et sœurs de mon conjoint, et je texte à mes amies le «joyeux» message «Y’a pu de bébé…».

Dessin par: Korriganne

On retourne à la maison le cœur gros. J’ai de la peine d’avoir «perdu» ce bébé, mais j’en ai aussi pour «lui». Je trouve immensément triste pour «lui» qu’il soit décédé si petit, je me demande s’il a souffert, s’il est déçu de ne pas avoir réussi à se rendre plus loin dans sa conception. Même si je sais que, dans mon ventre, il y a un bébé mort, ça ne me répugne pas, car il s’agit de MON bébé. Et même si je sais que je devrai bien m’en départir, je n’ai pas envie de me séparer de MON bébé.

12 avril 2014

La veille, ma belle-sœur, qui a déjà fait une fausse couche, m’a suggéré de ne pas attendre au lundi, mais plutôt de me présenter à l’hôpital, au département de néonatalité et de demander à voir le gynécologue de garde.

Grâce à une amie qui a fait elle aussi une fausse couche quelques semaines auparavant, je sais exactement ce que je vais demander au gynécologue. Cette amie a également appris la fin de sa grossesse lors de son échographie. Pour évacuer le fœtus, on lui a donné un médicament et on l’a retournée chez elle. C’est donc dans sa salle de bain qu’elle a vécu les pires 24 heures de sa vie, à se vider de son sang dans d’atroces douleurs. Je sais que je vais refuser ce médicament si le gynécologue me le suggère (même si sur Google on explique que l’intensité de douleur varie d’une femme à l’autre et que pour certaines, ça se passe relativement bien). Et je sais que je vais exiger un curetage.

Mon amoureux et moi, on se présente à l’hôpital tôt le samedi matin. Même si on n’a aucune idée de quand le gynécologue pourra se libérer (on s’entend qu’il est pas mal occupé!), on décide de patienter. C’est finalement vers 15h qu’on le rencontre enfin. Il accepte de me faire un curetage, même si je sens que ça aurait été beaucoup plus simple pour tout le monde de me renvoyer chez moi avec le gros méchant médicament. Il m’explique par contre que je devrai attendre que la salle d’opération se libère. Ce qui arrive vers… 23h! Je suis à jeun depuis la veille, en prévision de cette opération.

Le curetage se passe bien. On m’a endormie alors je n’ai eu connaissance de rien. Un peu après minuit, on me confirme que je peux enfin retourner chez moi. Et manger une déééééélicieuse compote de pommes sans sucre d’hôpital !

J’ai pleuré pendant les 2 semaines suivantes. Beaucoup. Chaque jour. Mon chum, lui, refusait d’en parler avec qui que ce soit d’autre que moi. Aborder le sujet le rendait mal à l’aise. Alors que moi, j’avais besoin d’en parler. Dans les semaines suivantes, certaines personnes de notre entourage ne savaient pas comment agir avec nous et ont préféré éviter le sujet. Faire comme si rien n’était arrivé. Même pas un petit «Comment ça se passe pour toi ?». Mon chum préférait ça, mais moi, ça m’a profondément blessée.

Aussi, je détestais ceux qui nous disaient : «Ça va fonctionner la prochaine fois». Comme si j’avais de la peine parce que je n’étais plus enceinte ! Je n’étais pas triste d’avoir perdu un bébé, j’étais triste d’avoir perdu MON bébé !

Crédit: Croqmavie.fr

Puis, les larmes ont diminué, mais la peine était toujours présente. Je grinçais des dents quand je voyais une bedaine. J’évitais systématiquement la section «Maternité» des magasins grande surface.

Le gynécologue de l’hôpital m’avait suggéré d’attendre au moins deux mois, idéalement trois, avant de réessayer de tomber enceinte. Pas question pour moi de vivre cette confrontation avec les grossesses des autres plus longtemps. Au bout de deux mois, on a réessayé et, wow, quelle chance ! ça a fonctionné du premier coup !

Laissez-moi vous dire que, lors de l’échographie de 12 semaines, j’étais hyper stressée ! Quand le médecin a déposé la sonde sur mon ventre et qu’on a vu notre bébé bouger, on a poussé un ÉNORME soupir de soulagement !

Crédit: fr.torange.biz

Notre coco a maintenant 18 mois. Et je peux dire que le traumatisme de ma fausse couche est (presque) complètement derrière moi. J’arrive à y penser sans pleurer. Mais je sais que ce n’est pas le cas pour toutes les femmes, pour tous les couples.

Après coup, je sais que j’ai eu de la chance dans ma malchance. Plusieurs éléments ont fait en sorte que mon expérience n’ait pas été trop traumatisante. D’abord, je n’avais pas de bedaine. J’imagine que quand la fausse couche arrive plus tard dans la grossesse, qu’on a déjà un petit ventre rond ou pire, qu’on sent déjà notre bébé bouger, ce doit être terrible ! On a alors à faire le deuil d’un bébé qui était déjà concret pour nous, qui a laissé des traces physiques ou sensorielles (ses mouvements, par exemple).

Deuxièmement, comme j’ai appris tard que j’étais enceinte, je n’ai pas eu l’impression de l’être très longtemps (1 mois environ). Quand on a le temps d’apprivoiser notre grossesse, de faire des plans, de magasiner des vêtements pour nous ou pour notre bébé, l’arrêt de la grossesse doit être encore plus brutal émotionnellement.

Ensuite, je n’ai pas eu à «accoucher» mon bébé. Je n’ai pas vu de sang (en fait oui, j’ai saigné pendant 2 semaines, mais c’était comme des menstruations), je n’ai pas eu mal, je n’ai pas vu mon fœtus, je n’ai eu conscience de rien. Donc pas de traumatisme. Je peux très bien imaginer que les femmes qui doivent accoucher leur bébé à 6 mois de grossesse ou celles qui, comme mon amie, perdent une importante quantité de sang restent marquées par l’expérience.

Finalement, j’ai eu la chance de retomber enceinte rapidement. Je n’ose même pas imaginer dans quel état j’aurais été si mon deuil s’était prolongé. Vivre en ayant peur de tomber sur une femme enceinte en tournant le coin de la rue, souhaiter ne PAS voir arriver ses règles, guetter nerveusement les nouveau-nés au centre d’achat, maudire les magasins de maternité et haïr les pubs de couches à la télé plus longtemps m’aurait été insupportable !

Aujourd’hui, en cette journée du deuil périnatal, je rends hommage à toutes ces femmes, à tous ces couples qui ont vécu ou qui vivent l’une ou plusieurs de ces situations. Je rends hommage à toutes ces femmes qui tentent de retomber enceintes et pour qui ça ne fonctionne pas. Et qui doivent continuer de vivre dans cet état, qui doivent apprivoiser leur deuil jour après jour.

Vous êtes fortes ! Je vous admire.

Crédit: Princesse aux bidouilles

Si vous vivez vous aussi un deuil périnatal et que vous aimeriez avoir du soutien pour vous épauler dans ce moment éprouvant, vous pouvez visiter le site web Nos petits anges au Paradis (premier groupe de soutien virtuel pour les parents endeuillés) ou encore la page Internet de la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal.

Aussi, j’ai découvert récemment «J’allume une étoile». Lorsqu’on vit un deuil périnatal, on peut ressentir le besoin de conserver un souvenir de notre petit être. «J’allume une étoile» est un service de photographie en deuil périnatal.

Le service gratuit de photographie en deuil périnatal est disponible pour tous les parents qui en font la demande, que ce soit pour une interruption médicale de grossesse, un décès in utéro ou à la naissance.  Nous nous déplaçons à l’hôpital afin de faire les photos de votre petit bébé.  Nous vous accompagnerons dans ce moment difficile en vous offrant notre présence et nos services. À votre départ de l’hôpital,  vous recevrez une photo, retouchée lorsque possible. Cette photo vous sera remise par l’infirmière. Les photos sont toutes en N&B, en sépia ou très décolorées, ce qui donne un aspect de douceur, plus facile à voir et à montrer à nos proches.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur ce service, n’hésitez pas à consulter le site Internet de «J’allume une étoile».

PARTICIPEZ AU CONCOURS !

Mamans avec opinions souhaite aider des parents qui vivent actuellement, ou qui ont vécu récemment, un deuil périnatal. C’est pourquoi nous vous offrons ce concours.

Du  15 au 22 octobre 2016, courez la chance de gagner un livre en lien avec le Deuil périnatal pour vous accompagner dans cette épreuve. Vous aurez le choix entre 3 sélections:

  1. Les rêves envolés – version papier (valeur de 24,95 $)
  2. Ma sœur habite au Paradis – version numérique (valeur de 10 $)
  3. Fausse Couche, vrai deuil – version papier (valeur de 20 $)

Une participation par jour, par personne, jusqu’au 22 octobre 2016 est permise.

Résumé du livre Les rêves envolés que vous pouvez vous procurer grâce aux Éditions de Mortagne au coût de 24,95 $:

Contrairement aux croyances généralement véhiculées dans notre société, perdre un bébé attendu et aimé est une tragédie pour les parents. Ils voient tous leurs beaux rêves s’envoler. Et le chagrin qu’ils éprouvent ne se mesure pas au nombre de semaines de grossesse; il est proportionnel à l’amour que les parents ressentaient pour ce bébé et au rôle qu’il venait jouer dans leur vie.

Cet ouvrage a été conçu dans le but d’offrir aux parents un soutien efficace ainsi que des suggestions pour les aider à faire face aux moments difficiles, quelle que soit la perte périnatale qu’ils subissent : fausse couche précoce ou tardive, interruption médicale de la grossesse, accouchement d’un enfant mord-né, décès du nouveau-nédans les heures ou semaines suivant sa naissance.

Enrichi de centaines de témoignages d’autres parents qui ont vécu une expérience semblable, ce livre aidera les parents , du premier jour du deuil jusqu’à la grossesse suivante, à mieux comprendre leurs émotions pour qu’ils puissent s’en libérer et retrouver la sérénité qui leur permettra d’apprécier à nouveau la vie.

Grâce à cette lecture, tous ceux qui côtoient les parents en deuil – grands-parents, frères, soeurs, amis, collègues de travail -, qui sont touchés par la perte et assistent, impuissants, à leur chagrin, trouveront des moyens de les réconforter avec respect et compassion.

Pour lire un extrait du livre, cliquez ici.

Résumé du livre Ma soeur habite au Paradis que vous pouvez vous procurer grâce à NATH Éditions au coût de 10 $ canadien:

Maëlyne a une petite sœur qui lui manque beaucoup.
En effet, ses parents lui ont dit que celle-ci habite au Paradis.
Mais qu´y devient-elle ?
Et puis… c’est quoi, le Paradis ?
Un pays ? Une place dans son cœur ?
Maëlyne cherche un moyen de découvrir tout cela et,
grâce à l’aide de sa maîtresse d’école et de ses camarades,
va trouver une solution originale et créative.

Ma sœur habite au Paradis illustre de manière symbolique et poétique
les interrogations et souhaits d’une fillette confrontée au deuil.


En hommage à Maëlys, un petit ange qui vit heureux au Paradis.

Voici un petit extrait du livre:

Résumé du livre Fausse couche, vrai deuil que vous pouvez vous procurer grâce aux Éditions Transcontinental et CARACTÈRE au coût de 20 $:

Au Québec, chaque année, environ 20 000 femmes connaissent une fausse couche. Si certaines d’entre elles vivent cette épreuve comme une simple déception, d’autres font face à un véritable deuil et se heurtent la plupart du temps à une profonde incompréhension, non seulement de la part de leurs proches, mais aussi du système de santé.

Parsemé de témoignages, ce livre vise à offrir du réconfort aux femmes qui vivent une fausse couche et aussi à les encourager à laisser une place à leur deuil.

On y aborde :

• les réactions du partenaire, de l’entourage et l’accompagnement dans le deuil périnatal ;

• les besoins d’écoute des parents et les groupes de soutien ;

• les pistes de solution pour une prise en charge plus humaine, notamment dans les urgences des hôpitaux ;

• la décision de retomber enceinte et l’espoir de fonder une famille.

Pour lire un extrait du livre, cliquez ici.

Pour participer à ce concours, vous devez:
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