Lorsque la petite fait cela comme une grande et que la maman fait cela comme une petite !
Par Cath B.
À mesure que la date d’introduction à la garderie approchait, mon cœur se brisait. J’étais de celles qui se voyaient retourner au travail quelques mois plus tôt, car j’aime mon travail et je m’ennuyais du côté social, mais un autre constat se fit en moi lorsque tout se concrétisa: j’avais beau avoir hâte à mon retour, ma dernière année m’avait aussi laissé le temps de m’attacher beaucoup plus que je le croyais. Comme je n’avais pas de difficulté à faire garder ma petite depuis sa naissance, je croyais que l’introduction à la garderie serait dans le même sens. Eh non !
Lorsque je la faisais garder, c’était pour quelques heures ou une soirée. Beaucoup plus simple comme détachement, on a moins le temps de s’ennuyer et l’on se retrouve vite ! Par contre, la garderie c’était plein de constats en simultané qui passaient dans ma tête :
#1 Tu ne passeras plus de journées entières avec ta fille.
#2 Tu ne pourras plus t’assurer de tout adapter pour qu’elle ait la meilleure routine qui soit, celle qui répond à tous ses besoins et tu devras lâcher prise.
#3 Tu la feras garder plusieurs heures consécutives, et ce, même si tu trouves cela trop long.
#4 Ce sera parfois l’éducatrice qui te racontera “une première fois”.
#5 Elle n’est plus un bébé, c’est son premier pas vers l’autonomie.
Heureusement, j’ai pu introduire ma fille progressivement un mois avant mon retour au travail pour me rassurer et pour ne pas lui faire vivre un choc trop grand. «Un choc », c’est ce que je croyais, mais dès sa première matinée à la garderie, elle est allée explorer le local, elle était souriante, à l’aise, n’a pas pleuré à mon départ, bref c’est moi qui étais à l’envers et inquiète, pas elle ! Elle sembla rapidement contente de pouvoir être entourée d’enfants, d’activités en permanence. Elle était excitée dès qu’on arrivait à la garderie, elle tendait les bras à l’éducatrice et me faisaient des ‘’tatas’’.
Les premières journées entières ont été les pires, je n’étais pas habituée après un an à me retrouver dans cette maison vide, sans action. Elle me manquait, mon cœur de mère avait le goût d’aller la chercher et ma tête me disait : « Tu dois t’habituer, elle fera bientôt des journées complètes et c’est le moment de voir comment elle vit des journées entières pour tenter de t’adapter ensuite ». J’allais la chercher dès que le temps minimum était fait à la garderie pour la journée ou dès que la sieste était terminée. J’ai pleuré, eh oui. Après une année à être présente 24h\24, je me retrouvais maintenant à la voir seulement quelques heures par jour. Lorsque je trouvais cela dur je me répétais quelques éléments rationnels pour panser mon cœur de maman poule :
#1 Tu profiteras encore plus de chaque moment.
#2 Elle est heureuse, elle, là-bas, elle ne pleure pas, elle est excitée quand elle arrive, elle aime l’éducatrice, elle est contente quand tu arrives, que veux-tu de plus ?
#3 Elle a déjà évolué depuis qu’elle a commencé la garderie, en voyant les autres enfants, en procédant par imitation, elle est plus autonome, elle retire quelque chose en allant dans ce milieu.
#4 Elle se fera des amis, sera plus stimulée, découvrira plein de choses.
#5 Trouves-toi des moments uniques qui te font du bien, à passer avec elle.
#6 C’est toi qui es inquiète, qui es peinée, qui as de la difficulté à te détacher. Elle, elle est heureuse.
#7 C’est normal comment tu te sens !
Ces phrases me faisaient du bien. Car la culpabilité est facilement au rendez-vous dans cette situation quand on pense aux mamans qui restent à la maison et qui les accompagnent jusqu’à l’école. Je les comprends, sincèrement. Mes prochaines phrases s’adressent à toutes les mamans, peu importe leur situation familiale. Je crois que le plus important comme mère est d’être heureuse, comblée, épanouie pour pouvoir donner le meilleur de nous et profiter au maximum de chaque moment avec notre enfant. On le dit toujours, l’important c’est la qualité du moment. L’important c’est toujours d’être à l’aise dans nos choix. Oui, j’ai dû me détacher et ce fut douloureux, mais mon retour au travail avait ses raisons et tout se passait beaucoup mieux que je ne l’aurais imaginé avec ma petite en garderie, alors pourquoi me culpabiliser sans cesse ? Je le répète, on se doit de prendre soin de soi, on n’a pas à être dure avec soi-même, on doit se faire confiance, foncer et faire de son mieux.
Mon plus beau moment lorsque je vais chercher ma petite est lorsque je la vois en train de jouer parmi ses amis, lorsque je la vois à l’aise, en mode « découverte », et qu’elle ne me voit pas. J’aime la voir au naturel dans son nouveau milieu. Lorsqu’elle m’aperçoit, qu’elle s’excite et qu’elle arrive avec le sourire en tendant les bras, ce sont des retrouvailles remplies d’amour et de bonheur. Nos retrouvailles… du jour.
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