Témoignage d’une maman allaitante d’un enfant de 18 mois
par Marie-Claude
Lait toujours prêt à boire, gratuit, contact privilégié avec mon enfant : avant même d’accoucher, je savais que je voulais allaiter! Partout, on prenait soin de me rappeler que je devais allaiter exclusivement jusqu’à 6 mois, puis ensuite idéalement continuer jusqu’à 1 an. Ensuite, « c’est à ta guise, ma grande ». Comme si passé le premier anniversaire, ce n’était plus important. Pourtant, le lait maternel a beaucoup de vertus bénéfiques qui continuent de se transmettre à notre petit tant que l’allaitement se poursuit! D’ailleurs dans certains pays, il va de soi que les enfants doivent être allaités jusqu’à 3, 4… voire 5 ans (et plus, qui sait?).
Dès le début, l’allaitement a été naturel et s’est bien déroulé pour mon bébé et moi. Il prenait (beaucoup) de poids, le sein était son réconfort pour chaque situation, et j’adorais l’avoir collé près de moi. Les mois ont ainsi passé… Vint l’introduction des aliments… Puis mon chéri a eu un an. Déjà, il pouvait passer de longues heures loin de moi sans boire (le lait de vache et les aliments réguliers lui suffisaient en mon absence). Mais lorsque je retournais à la maison, il se jetait désespérément sur ma poitrine, hihi!
Aujourd’hui, mon petit amour a 18 mois. Il demande de moins en moins le sein dans le jour, même quand je suis là. Et quand je suis de retour près de lui après une longue absence, il peut maintenant attendre quelques minutes pour son boire.
Ce qui reste sacré : à son réveil, à mon retour du travail, pour s’endormir et quelques fois dans la nuit (on cododote, j’en ai déjà parlé dans un article, donc ça facilite beaucoup les choses). Ça semble beaucoup, mais c’est la plupart du temps à coup de 5 minutes maximum! Je dirais donc que j’allaite un gros 30 minutes par jour. Évidemment, lorsqu’il est malade, mon fils peut demander le sein chaque heure. Ça ne me dérange pas, puisque ça permet à la fois de le réconforter et de le nourrir s’il refuse d’ingérer autre chose.
Plus le temps passe, plus je redoute le jour où mon fils ne voudra plus du tout prendre le sein. Maintenant que l’allaitement est parfaitement intégré à notre mode de vie, que vais-je devenir sans cette petite main qui pointe ma poitrine, qui agrippe avidement mes seins et qui se promène dans mes cheveux? Je peux l’affirmer sans me tromper : arrêter d’allaiter sera pour moi un deuil immense à faire.
Oui, c’est possible d’allaiter longtemps. Oui, c’est possible d’aimer ça, même si la société nous pousse à sevrer au plus vite (« Un toddler qui allaite? Ouache, il est trop vieux! »). Oui, c’est possible de vivre sa vie avec un petit être qui nous réclame quelques fois par jour pour un petit snack. Ça permet de prendre une pause ensemble, de s’observer, de se toucher, de s’aimer.
Aux mamans enceintes qui prévoient allaiter, à celles qui allaitent déjà un bébé de moins d’un an ou à celles qui hésitent encore, je vous conseille avant tout d’y aller un jour à la fois. L’allaitement, surtout prolongé, n’est pas fait pour toutes. C’est un investissement d’énergie et de temps important au début. Vient un jour où ça devient complètement naturel pour certaines, une corvée accaparante pour d’autres. À chacune ses choix, aucun doute là-dessus. Mais pour celles qui aiment allaiter et pour qui ça va bien, n’hésitez pas à le faire jusqu’à ce que votre petit se sèvre de lui-même. Au diable les regards scandalisés d’inconnus (je tiens à préciser que je n’expose pas mes seins lorsque je suis à l’extérieur de la maison; j’utilise une robe d’allaitement ou me couvre avec un petit foulard… mais chapeau à celles qui osent le faire sans gêne!) et les commentaires de belle-maman qui la/le trouve trop grand pour ça. Vive l’allaitement libre J !
Crédit photo: Marie-Claude pour Mamans avec opinions