Reconnaître les signes
Par Christine
S’épuiser au travail, s’épuiser à la maison?
Comme vous allez apprendre à me connaître au fil de mes articles et publications, autant vous partager divers moments de ma vie. Je suis convaincue que vous allez vous reconnaître dans ce vécu qui, malgré que ça me semble il y a une éternité, est arrivé il n’y a pas si longtemps.
Je travaille dans le domaine de l’éducation depuis maintenant 10 ans (wow, déjà!). On peut dire que ça m’a permis de voir beaucoup de situations différentes et de personnes différentes. Au départ, je suis quelqu’un de très insécure dans la vie. Cela fait en sorte que je me remets constamment en question. Et en éducation et probablement dans tous les domaines, se remettre en question, c’est travailler en double ou est triple pour être certain d’être prêt le lendemain.
Je me suis promenée dans diverses villes pour enseigner : Gatineau, Maniwaki, Laval, Hudson, Pointe-Claire, Ville Saint-Laurent… Et chaque fois que je changeais de commission scolaire, mon ancienneté était à recommencer. Et il faut dire que quand tu commences, tu as souvent le dernier choix. Les classes difficiles ou les classes où tout est à construire. Il y a maintenant quoi, 7 ans, j’ai eu l’opportunité d’avoir ma classe d’élèves de niveau secondaire qui faisait des matières de 1er et 2e cycle du primaire. Je devais tout adapter. Je faisais le français, les maths, les sciences, la géographie, l’histoire, « name it ». Je planifiais tout, mais j’arrivais à peine à tout planifier à mon goût et je devais parfois improviser, car planifier pour diverses matières, ça va, mais planifier pour diverses matières et plusieurs niveaux, c’est faire le travail de 3 enseignants minimum.
J’ai réussi à survivre jusqu’en février à ce rythme effréné. Ensuite, je suis tombée. Solidement. Panique, insomnie, déni, refus de me lever le matin pour aller travailler. J’ai dû m’arrêter. Pour le reste de l’année. Le médecin de la commission scolaire, lors de ma dernière rencontre avec lui, m’a dit de tomber enceinte si je ne voulais pas travailler (!). Je n’ai pas su reconnaître que je ne pouvais pas continuer comme ça, mais le médecin ne m’a pas aidée à comprendre ce que je vivais et ce que je devais faire pour m’en sortir.
Mon désir de plaire et mon insécurité m’ont aveuglée et je courais comme une poule pas de tête. Être la prof parfaite, c’est chercher l’impossible.
Quels étaient les signes? La fatigue, la difficulté à se lever le matin. La faible estime de soi. La perte de motivation, la perte d’un sourire. Je me relis et, présentement, je me dis que les signes semblaient évidents, mais quand on est pris dans ce tourbillon, on ne voit plus rien.
Pourquoi on fait un burnout ? Il y a trois raisons. 1- On fait notre travail et on ne reçoit pas les gratifications qui vont avec. 2- On travaille énormément pour recevoir les gratifications, pour justifier tout ce travail. Quand on commence, on en veut toujours plus. Sinon, on croit qu’on ne travaille pas bien. 3- On s’ennuie au travail, on ne sent pas qu’on s’épanouit au travail.
Pourquoi je vous raconte ce bout de vie qui date de quelques années? Parce que je peux très bien calquer cette expérience sur ma nouvelle vie de maman. Vouloir trop en faire, en faire plus pour recevoir des compliments, se voir dans les yeux des autres pour s’apprécier. Être la maman parfaite, c’est chercher l’impossible. Il faudra que je fasse attention aux signes. Que je pense à moi, dans tout ça. Ma fille a 3 mois et pas une seule fois je l’ai laissée plus que 2 heures. Il faudra que je pense à moi et que j’évite les pièges de la maman parfaite. Pour éviter l’épuisement.
Et vous, avez-vous senti que vous étiez épuisée au point de tout lâcher? Vous avez fait quoi?