Lorsqu’un congé de maternité rime avec la précarité financière
Par Caroline
Le Québec s’est doté d’un généreux programme pour favoriser les congés parentaux avec le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Bien que le RQAP fasse l’envie de nombreux pays, d’importantes distorsions existent avec l’assurance-emploi et peuvent représenter un cauchemar pour les femmes qui perdent leur emploi durant leur congé ou lors de leur retour au travail. Pour être éligible au chômage, une personne doit avoir cumulé au moins 600 heures d’emploi assurable au cours des 52 dernières semaines. Cela signifie qu’une mère qui retourne au travail après un congé de maternité d’une année et qui perd son emploi sans avoir accumulé 600 heures depuis un an se retrouve sans revenu. Vous imaginez son stress de ne pas pouvoir compter sur aucun filet social, même si elle a cotisé durant toute sa vie active à l’assurance-emploi.
Franchement, il est difficile de s’y retrouver, car lorsqu’on communique avec un agent du RQAP (gouvernement du Québec), il n’est pas possible d’obtenir des réponses sur l’assurance-emploi (gouvernement du Canada), puisque ce sont deux juridictions différentes. Du côté de Service Canada, on nous envoie à un numéro de téléphone 1-800 où il est parfois impossible de parler à une voix humaine, peu importe l’heure de la journée. Un message automatisé nous transmet plutôt le numéro du RQAP qui ne peut pourtant pas répondre à nos questions! Bref, il est évident que plusieurs femmes ignorent ce qui les attend, surtout lorsque la principale occupation durant un congé de maternité est de s’occuper de son enfant!
Quelques femmes ont dénoncé leur sort dans les médias au cours des dernières années, après avoir perdu leur emploi à la suite de leur congé de maternité.
Pas d’assurance-emploi après un congé de maternité- Radio-Canada 9 avril 2013
Une mère réclame des modifications à l’assurance-emploi– TVA Nouvelles 23 juillet 2014
Leur appel n’a toujours pas été entendu…
Heureusement, il existe un Petit guide de survie des chômeurs et chômeuses du Comité chômage de Montréal dans lequel plusieurs informations intéressantes se retrouvent pour celles qui souhaitent obtenir plus de renseignements à ce sujet. Par exemple, une personne reprenant son emploi et qui aurait reçu 30 semaines de prestations maternité et parentale le temps que son ou sa conjoint-e complète le congé parental pourrait être éligible au chômage si elle perd son travail. Cependant, la période de prestations d’assurance-emploi a une durée normale de 52 semaines et commencera à partir du moment des prestations versées par le RQAP. Tel qu’indiqué dans le Petit guide de survie, cela laisse peu de marge de manœuvre pour les personnes qui se retrouvent au chômage après un congé parental.
Lors de la mise en vigueur du Régime québécois d’assurance parentale en 2006, nous avons fait le choix comme société d’aider les travailleurs à mieux concilier leur vie familiale et professionnelle. Ce bond de géant a permis à de nombreuses femmes de bénéficier d’une année complète pour s’occuper de leur enfant sans se soucier des préoccupations financières liées à un congé parental. Toute la communauté profite de l’investissement de 12 mois dans la vie d’une femme à prendre soin de son nouveau-né. Le fait de ne pas reconnaître cette précieuse contribution dans le développement de nos tout-petits en pénalisant celles qui perdent leur emploi crée des situations dramatiques pour ces femmes qui peuvent les plonger dans une précarité financière injuste. Il est temps d’harmoniser les dispositions du RQAP et de l’assurance-emploi afin de reconnaître à sa juste valeur le travail de s’occuper de son enfant.
Crédit photo: Gouvernement du Canada