Ma réalité, le quotidien de nombreuses familles
par Marie-Christine
Moi, fonctionnaire, lui, professionnel. Trois beaux enfants âgés de 5 ans et moins. Une situation financière digne de la classe moyenne, comme la majorité des ménages québécois. Une famille normale (ou une grande famille comme le diraient plusieurs) comme on en voit beaucoup, mais qui tend à disparaître.
Telle une bombe, le 20 avril dernier, le gouvernement Couillard annonçait une hausse faramineuse et une modulation des tarifs des services de garde subventionnés, le tout adopté sous bâillon sur fond de promesse brisée.
Depuis 2006, les coupures au budget des services de garde subventionnés totalisent pas moins de 400 M$. Pour l’année 2016-2017, des compressions de 120 millions sont annoncées sur l’ensemble du réseau. Pour un Centre de la petite enfance comptant une soixantaine de places, les coupes représentent facilement 80 000$, l’équivalant du salaire annuel de deux éducatrices à temps complet. Le Conseil d’administration devra alors trancher. Licenciement d’éducatrices, de la cuisinière ou réduction massive d’achat de matériel éducatif? Dans tous les cas, ce sont les enfants qui seront les grands perdants, car la qualité des services offerts se verra fortement diminuée.
C’est donc à titre de parent d’un enfant fréquentant un centre de la petite enfance que j’écris (lire : je crie), haut et fort, mon opinion quant à cette réforme qui affecte dramatiquement les familles du Québec.
Aujourd’hui, nous sommes tous particulièrement inquiets. À l’approche de la période d’imposition, nous angoissons. Nous ignorons à combien s’élèvera la modulation des tarifs pour chaque ménage, mais nous savons très bien que nos poches se videront en avril prochain. C’est à ce moment, lorsque nous remplirons notre déclaration de revenus, que nous aurons le malheur de constater les dommages irréversibles causés par le projet de loi 28.
La modulation des tarifs permettra au gouvernement Couillard de générer un surplus d’environ 169 M$, somme qui sera financée par des milliers de parents dans la même situation que la mienne. Argent que nous aurons gagné à la sueur de notre front et qui nous sera enlevé à même nos maigres comptes d’épargne. Car on le sait tous, économie est loin de rimer avec coût de la vie!
C’est avec de la suite dans les idées, qu’après avoir pigé un gros magot dans les poches des parents pour renflouer leurs coffres, que le gouvernement s’apprête désormais à couper 120 M$ dans le réseau des services de garde éducatifs. 1-1=0 L’effort financier que nous, parents, devront faire ne contribuera certainement pas à l’amélioration de l’offre de service en CPE, mais plutôt à éponger les compressions prévues par le gouvernement. Ce même gouvernement qui anticipe des surplus budgétaires d’environ 1,6 G$ pour l’année 2015-2016. Le gouvernement Couillard avait donc une marge de manœuvre plus que nécessaire afin de respecter sa promesse électorale et ainsi renoncer à l’imposition de cette contribution additionnelle.
De plus, une question s’impose. Comment le gouvernement réussit-il à soutenir financièrement une multinationale telle que Bombardier, après les coupures récurrentes dans les services de garde subventionnés et dans l’éducation de nos enfants?
Il y a 20 ans, le Québec s’est doté d’un réseau de garderies modernes, éducatives et abordables. À ce moment, l’avenir du Québec, c’était d’abord et avant tout les enfants et les familles parce que, selon le gouvernement souverain, le développement économique de notre province passait impérativement par son développement social. L’investissement dans la petite enfance était prioritaire. Il y a déjà 20 ans.
Aujourd’hui, les libéraux de Couillard ont littéralement tourné le dos aux CPE. Pour une question d’argent, nous dira-t-on. Pourtant, on ne cesse de vanter les effets positifs des centres de la petite enfance sur l’économie, le retour massif des femmes sur le marché du travail, la conciliation travail-famille, les saines habitudes de vie, la socialisation et une meilleure transition des enfants vers le milieu scolaire. En 2007, le Québec était même devenu le paradis des familles, selon Jean Charest. Désormais, nous sommes en enfer.
L’impact désastreux de ces compressions se fait sentir et menace un réseau qui a fait ses preuves. L’avenir de nos enfants, il faut en prendre soin, car c’est ce que nous avons de plus précieux. La fin des réseaux des services de garde subventionnés approche à grands pas.
À l’automne dernier, notre quotidien a été troublé par plusieurs journées de grève à l’école publique. De plus, les services de garde en milieu scolaire ont, quant à eux, aussi fait l’objet d’une augmentation importante de leur tarif d’activité. Les journées pédagogiques sont passées de 7,30$ à 16,00$, sans compter le coût des activités organisées qui peuvent parfois s’élever à 20,00 $, pour un total de plus de 35,00 $ par jour. Nous sommes toujours à gratter nos fonds de tiroir pour nous en sortir.
Monsieur Louis Senécal, président-directeur général de l’AQCPE le clame haut et fort;
« La mobilisation ne fait que commencer. Nous sommes résolus à ce qu’elle se poursuive tant et aussi longtemps que le gouvernement ne répondra pas à la demande des familles du Québec de placer le développement de la petite enfance et la qualité des services au cœur de leurs priorités. Ce que nous demandons, c’est l’annulation des coupes pour 2016-2017.
Moi, mère de trois enfants, je demande au gouvernement de renoncer aux coupures annoncées et de s’engager à réinvestir l’argent issu de la modulation des tarifs dans le réseau des Centres de la petite enfance, afin de préserver et d’améliorer la qualité de ses services. Pour le bien-être de nos enfants. Car nous voulons ce qu’il y a de mieux pour la relève, et pour notre belle province. Car oui Québec, en 2018, on se souviendra!
Pour avoir plus d’informations, voir le calendrier des activités et pour vous mettre à jour concernant ce dossier, voici deux sites Internet à retenir:
Crédit photo: Toujours fous de nos enfants et CPE La Barbouille