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L’allaitement

Ma réalité
par Mélanie T.

Lorsque j’étais enceinte, on me demandait souvent si je comptais allaiter. Pour moi, la réponse était évidente : bien sûr que j’allaiterais mon bébé ! Depuis toujours, même lorsque j’étais enfant, maternité et allaitement allaient de pair. Je me disais que ce devait tellement être un beau moment passé avec son enfant.

Quand on me disait des trucs du genre : «C’est pas toujours facile allaiter, il ne faut pas se décourager; il faut continuer à persévérer», j’acquiesçais, imaginant vaguement ce qui pouvait être difficile dans l’allaitement.

Ces dernières années, on a vu dans les médias plusieurs campagnes visant à sensibiliser les gens à l’allaitement en public et à promouvoir l’allaitement tout court. On n’a qu’à penser à Mahée Paiement et sa fameuse photo «Allaiter, c’est glamour» où on la voit en tenue de soirée, bien coiffée, dans un décor somptueux, donner le sein à son bébé.

Aussi, plus récemment, j’ai vu circuler sur les réseaux sociaux des photos de femmes allaitant dans la nature, dans un décor enchanteur, avec leur nourrisson paisiblement appuyé sur elles.

Eh bien savez-vous quoi ? Tout cela ne représente PAS DU TOUT ma réalité !!! Dans mon cas, les mots «facilité» et «moment tendre» ne riment en rien avec «allaitement». Mes débuts dans l’allaitement ont rapidement mis un terme à la belle image que je me faisais de la façon dont j’allais nourrir mon nouveau-né.

Vous savez, la fille qui allaite tranquillement sur un banc de parc ou de centre commercial tout en papotant avec sa copine ? Eh bien, je ne suis pas cette fille-là !

Émile 3 mois

Ma réalité, c’est plutôt un bébé qui met du lait partout. J’ignore pourquoi, mais mon fils ne sait pas boire ! Le lait coule et se répand sur… moi, mes vêtements, la chaise, le coussin d’allaitement et, évidemment, sur lui !

Ma réalité, c’est un bébé qui régurgite tout le temps. Un p’tit rot et burp! Une régurgitation !

Ma réalité, c’est une « serviette d’épaule» pour absorber ce qui vient immédiatement après le rot.

Ma réalité, c’est une débarbouillette mouillée à côté de moi durant l’allaitement pour essuyer le surplus de lait sur le visage de mon petit coco, ainsi que son pyjama, mes mains et, à l’occasion, mon cou ou toute autre partie de mon corps où il aurait cru bon me faire l’honneur de se débarrasser du surplus de liquide qui l’incommodait (je sais, c’est dégoutant!).

Daphnée 7 mois

Ma réalité, c’est une alèse sur le coussin d’allaitement. Comme ça, on change l’alèse lorsqu’elle est mouillée (ce qui arrive souvent, vous l’aurez compris!) au lieu de laver le coussin lui-même.

Ma réalité, c’est un allaitement qui pouvait me prendre jusqu’à 1 heure et demie au début. Lorsque les boires reviennent aux 3 heures, on ne dort pas longtemps!

Après sa naissance, bébé a fait une jaunisse et était trop endormi pour boire. Je devais donc tirer mon lait et on le lui donnait dans une seringue reliée à un petit tube, ou encore directement au gobelet. Bien sûr, depuis, bébé et moi on s’est amélioré et on boucle le tout en 20 minutes, mais ça a longtemps été laborieux.

Philémon 7 mois

Ma réalité, c’est un coussin d’allaitement. Parce que, même si mon trésor ne pesait pas 7 livres, vous essaierez de soutenir un bébé pendant 1 heure et demie au beau milieu de la nuit ! Encore maintenant, c’est quand même plus confortable avec le coussin.

Alors? Vous me voyez maintenant allaiter au centre commercial avec mon «kit» d’allaitement ? Vous l’aurez compris, pour moi, l’allaitement, c’est plutôt laborieux.

Une autre raison pour laquelle je n’allaiterais pas en public est que je suis pudique. Certaines femmes ne considèrent plus leur poitrine comme un attribut sexuel, mais plutôt comme la façon de nourrir leur enfant. C’est une opinion qui se tient et que je respecte tout à fait. Sauf que moi, je me dis que je ne montrais pas mes seins avant, alors pourquoi est-ce que je le ferais maintenant ?

Il y a aussi l’argument selon lequel «allaiter, c’est naturel». Soit. Uriner aussi et je ne le fais pas en public !

Charles 6 mois

«Mais Mélanie, si tu es pudique, tu peux allaiter dernière un tablier d’allaitement», me direz-vous ! Ah, mais c’est que vous voulez vraiment alourdir mon «kit» d’allaitement ! Fermez les yeux et imaginez-moi en train de gérer le lait qui coule et les régurgitations derrière un tablier avec un bébé qui se demande vraiment pourquoi il a du tissu dans le visage ! Juste à y penser, je suis épuisée !

Vous savez, la fille qui allaite tout en mangeant et en s’appliquant un masque de beauté (bon ok j’exagère!) ? Eh bien, je l’envie. À l’hôpital, constatant que j’étais plutôt découragée par mes difficultés à allaiter, une infirmière m’avait dit :

« Je te promets qu’un jour tu vas allaiter en parlant au téléphone et en préparant le souper.» Eh bien, j’ai attendu ce moment, mais je dois finalement me rendre à l’évidence : non, ça n’arrivera jamais !

Je sais que je ne suis pas la seule dans mon cas. Certaines femmes abandonnent, soit parce qu’elles n’ont pas suffisamment de lait, soit parce qu’elles se découragent. Je le sais parce que je l’ai constaté moi-même en discutant avec quelques mamans. Mais je ne comprends pas pourquoi je ne l’ai pas su avant. On fait la promotion de l’allaitement, on vante les bienfaits du lait maternel, on explique que c’est un fooooormidable moment passé avec son enfant, mais jamais, jamais, jamais, on explique que ça peut être compliqué, difficile, décourageant et laborieux. Ni dans les cours prénataux, ni lors des rendez-vous avec le médecin, ni dans les livres, ni dans les médias. L’allaitement, c’est censé être merrrrrrveilleux ! Ce qui fait que lorsqu’on éprouve des difficultés, on se sent ultra poche et pas à la hauteur.

De mon côté, j’ai fait le deuil d’un allaitement simple et facile… enfin presque. Avec le prochain bébé peut-être ?

Crédit photo: Mahé Paiement ( MOIAUSSIJALLAITE.COM ) et les mamans de Mamans avec opinions.

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