Le grand décompte vers Noël est amorcé. Je me rappelle quand les enfants étaient petits, c’est fou tout ce que je faisais pour préserver la magie de Noël. Dans la maison flottaient un parfum de frénésie, une note d’euphorie et quelques poussières de mensonges pour entretenir la magie.
En effet, mon Dieu que je me donnais! Quand je discutais des cadeaux avec les grands-parents, c’était toujours en anglais que je le faisais, au risque que mes rejetons apprennent que c’est moi qui les achetais. Quand j’allais les chercher au service de garde, je fusillais du regard les grands du 3e cycle qui auraient pu dévoiler la vérité. Et les bêtises des lutins? J’en ai géré à grosses pelletées de créativité! Mes petits avaient des étoiles dans les yeux chaque fois qu’ils évoquaient Noël et j’espérais tant que cette innocence se poursuive longtemps.
Ce moment que j’appréhendais…
Puis, un jour, mon plus vieux m’a regardée dans les yeux et m’a lancé le tant appréhendé : « Maman, je sais que c’est pas vrai… ». BAM! Un coup de canne de Noël dans le ventre, une boule de sapin de travers dans la gorge. Ça a fait mal. Un peu. Pas longtemps. Même au contraire, mère Noël est revenue plus forte puisque depuis ce jour, elle revêt son coeur d’enfant plus que jamais. Et toi? Si, cette année, ton plus vieux découvrait la vérité, que lui dirais-tu pour que la magie de Noël soit conservée? Je te rassure, c’est presque plus beau de l’autre côté…
Depuis le premier dimanche de l’Avent, on décore, on encense la maison d’un parfum de cannelle, on cuisine les plats traditionnels, on raconte des histoires. Celle du lutin à lunettes, celle de Rudolf et la pomme magique et celle de la petite fille aux allumettes. Aussi, avec les enfants, on écrit au père Noël, on bricole des guirlandes en macaronis, on se colle devant le sapin, on s’interroge sur les lutins.
Toutefois, on a beau tout donner, un jour ou l’autre, il faudra tout avouer. Pas nécessaire de pleurer. Lorsqu’on connaît l’imaginaire vérité, on sait que pour conserver la magie de Noël, il ne faut que passer de l’autre côté. Laisse-moi te raconter.
Il était une fois…
C’était le 24 décembre, il y a quelques années. Coco et Minou (surnoms de mes enfants) avaient passé la journée à jouer en pyjama. La musique de Noël résonnait dans la maison, le sapin scintillait, la fébrilité s’installait. Quand les enfants nous questionnaient à savoir où le père Noël était rendu, nous allions sur Internet pour le suivre en temps réel sur le site de NORAD. Leurs yeux étaient remplis d’étoiles et leur petit coeur battait la mesure au même rythme que l’enfant au tambour. Ils dansaient, chantaient et ils allaient vérifier à chaque cinq minutes s’il y avait du nouveau au pied de l’arbre à cadeaux…
Cette année-là, je venais de me faire un petit café Baileys, histoire de rester énergisée jusqu’à la fin de la veillée. Je fredonnais les chansons que les enfants hurlaient, j’avais le coeur léger et, malgré le fait que j’étais toujours épuisée à ce moment de l’année, je faisais de mon mieux pour que tout soit parfait.
Jusque là, tout allait bien…
Alors que je m’affairais à farcir ma dinde et que j’étais bien concentrée, mon petit Coco, discrètement debout derrière moi, m’a interpellée avec sa petite voix chancelante. Les yeux remplis d’eau, il semblait soudainement si inquiet…
«Maman, c’est qui le père Noël?» m’avait-il demandé, la voix nouée. «Comment, c’est qui le père Noël? C’est le père Noël, mon chéri…» lui avais-je dit innocemment. «Pour vrai Maman… Regarde ce que Patate (notre chien) a trouvé…» m’a-t-il dit avec un air désespéré. Derrière son dos, il cachait une fausse barbe blanche… «Où a-t-il trouvé ça? Tu crois que c’est la barbe du père Noël?» «Maman, j’suis pas con… Anthony à l’école l’a dit que c’était pas vrai le père Noël… Et j’ai vu tout le reste du déguisement. C’est vrai que le père Noël n’existe pas, Maman?»
Tout avouer ou mentir encore pour entretenir la magie de Noël?
BAM! C’est à ce moment que j’ai reçu le coup de canne de Noël dans le ventre et que j’ai eu la boule de sapin de travers dans la gorge! Le hamster dans ma tête faisait les cent pas et calait des shooters de lait de poule à la chaîne! Lui dire la vérité ou ne pas lui dire? Mentir? Briser la magie? Je ne voulais pas qu’il perde ses illusions d’enfant! Au même moment, mon chum arrivait, presque en panique, dans la cuisine : «Chérie, le p’tit a trouvé le cos… Oups!»
Sur le coup, Coco s’était silencieusement mis à pleurer. Probablement par orgueil, il retenait ses sanglots autant que faire se peut. Il vivait son premier petit deuil, sa première désillusion. Il savait… Pas tout. Un peu trop. Alors, lui dire ou ne pas lui dire? Plus le choix. J’aimais tellement ses petits yeux pétillants et remplis d’innocence. J’avais envie de pleurer pour lui. Je ne pouvais croire que c’était la fin de la magie… Je n’avais qu’une envie, le serrer dans mes bras.
Ainsi donc, mon chum et moi nous sentions tous les deux désemparés. Alors, nous nous sommes regardés quelques secondes, sans parler. Puis, j’ai hoché la tête afin de lui donner mon accord pour tout avouer… Comment expliquer aux petits que la magie fond comme la neige et finit par disparaître?
Des propos qui ne sont pas complètement faux.
Alors, il s’est penché devant le petit et lui a murmuré les mots parfaits (aucun droit d’auteur, si tu aimes, vas-y, tu peux utiliser cette imaginaire vérité pour tout avouer…): «Oh! Quel beau cadeau que tu viens de recevoir! Tu connais maintenant le code secret pour entrer dans le monde des grands. Le vrai père Noël, celui qu’on ne voit jamais, t’a finalement mis sur la liste des lutins. Tu sais, les lutins, il y en a qui fabriquent des cadeaux et d’autres qui protègent le secret… Ceux-là sont comme des magiciens et toi, tu es maintenant assez grand pour faire vivre cette magie aux plus petits…»
Malgré qu’il était toujours un peu triste, Coco s’est tranquillement ressaisi. À le voir agir, j’étais forcée d’admettre qu’il était effectivement assez grand pour protéger le secret.
Passer de l’autre côté et continuer de croire…
En effet, sa réaction lorsque, quelques minutes plus tard, sa petite soeur entrait dans la cuisine, m’a confirmé qu’il était prêt à passer de ce côté… «Pourquoi il pleure?» avait-elle demandé en voyant les yeux mouillés de son frère. «Parce qu’il a…» avais-je entamé. «Parce que je n’en peux plus d’attendre le père Noël! Tu viens préparer les biscuits avec moi? Il en aura bien besoin cette nuit…» avait-il demandé à sa soeur en ravalant un dernier sanglot…
Alors, Coco a regardé son père avec un regard à la fois résigné, fier et complice. Mon chum lui a fait un discret thumbs up et ils se sont souri… Je garderai toujours en tête l’image de ce moment… Magique…
Puis, un peu plus tard dans la journée, Coco est arrivé à nouveau dans la cuisine en sautillant! «Maman! Maman! Papa et moi, on a mis le plus gros cadeau en cachette sous l’arbre!!! Et j’ai inventé toute une histoire si jamais Minou pose des questions!» Au fond, mon chum, à travers des propos qui n’avaient rien de complètement faux, avait réussi à transformer l’innocence du petit tout en conservant la magie de Noël… Je crois que ça a eu le même effet chez moi aussi.
L’imaginaire vérité
Alors, si cette année, tu es confrontée à cette réalité, explique la vérité. Le secret du père Noël doit être protégé est c’est tout un honneur de devenir grand pour perpétuer la magie chez les plus petits. Finalement, c’est grâce à notre volonté de protéger le secret année après année qu’on garde notre coeur d’enfant.
Même si mes rejetons sont plus vieux aujourd’hui et que bien des choses ont changé, chaque année, à Noël, la magie nous envahit parce que nous sommes simplement passés de l’autre côté de l’imaginaire vérité.
Une magnifique période des Fêtes à vous toutes!
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Révision par: Élaine Sylvestre